20 févr. 2015

Le poids des mots

Lu dans un tweet d'un quotidien national ce matin :

Circulation : ceux qui partent au ski vont encore vivre un calvaire

Qu'est-ce qu'il ne faut pas lire tout de même !! Un calvaire, et quoi encore ? Des chrétiens décapités d'un côté, des massacres de populations entières de l'autre, des villes bombardées du troisième, des enfants morts de famine... Et les vacanciers de février qui sont bien assez vivants et assez riches pour partir faire du ski vivraient un calvaire ??? Un peu de pudeur messieurs les journalistes... Si ces gens là ne supportent pas de faire des heures de queue sur l'autoroute, de dépenser des fortunes en péage et en carburant, de risquer leur vie éventuellement, ils n'ont qu'à rester chez eux, personne ne les oblige à aller se casser une jambe à des kilomètres de leur domicile ! Ils peuvent aussi prendre le train, non ? Ah ça coûte plus cher à quatre que la voiture ? Certes, mais sauf accident rarissime, on est au moins sûr d'arriver entier, et on peut même se payer le luxe de boire du vin en mangeant, puisqu'on ne conduit pas le TGV. En plus, pas de mouvement d'humeur des cheminots de prévu..

En fait, c'est peut-être plus grave que ça. De nos jours, on est bombardé d'informations, inondé, submergé, par tous les moyens, radio, télé, internet, presse papier, etc. et du coup, tout est mis sur le même plan, les choses très graves comme les faits-divers, les génocides comme les meurtres isolés, les actions des dictateurs comme celles des starlettes. On n'a plus le temps d'analyser ce flot continu et ininterrompu, de trier, de réfléchir, on avale, on ingurgite, on est gavé et du coup, on devient indifférent à tout, ça glisse, ça perd toute valeur.

Et c'est ainsi qu'on parle du "calvaire" que vont vivre ces pauvres gens victimes de la crise sans doute, qui partent dans leur voiture passer une semaine aux sports d'hiver englués au milieu de milliers d'autres qui en font autant et qui protestent que c'est vraiment.... Un calvaire d'endurer ça !

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