12 août 2019

Les maires et leur spleen

Un maire ébranlé
On dit qu'ils sont les élus les plus proches des citoyens, ceux que l'on voit tous les jours, à qui l'on serre la main, que l'on tutoie aussi dans les plus petites communes où tout le monde se connaît, et pourtant... Beaucoup se plaignent d'incivilités, quand ce n'est pas de voies de faits, d'une incompréhension générale, d'un mal être parce que la fonction n'est plus ce qu'elle était.

Si, autrefois, les trois personnes les plus respectées dans un village étaient le maire, l'instituteur et le curé, ce ne sont plus que de vieilles lunes, et les temps ont bien changé !

Sauf peut-être dans les grandes villes où la fonction est plus politique qu'ailleurs, les candidats à la mairie ne se bousculent plus.

Pour avoir été simple conseillère municipale pendant un mandat(*), et n'avoir, heureusement pas subi de menaces ni de coups, j'ai un peu compris pourquoi ce n'était plus une situation aussi enviable qu'on le croit. Déjà au niveau administratif et initiatives, à part les mariages qui leur sont toujours dévolus, le reste dépend des instances supérieures, Communauté de Communes ou d'Agglomérations, Conseil Départemental, Conseil Régional, voire État. Certes la mairie rassemble un dossier, qu'elle soumet à l'instance adéquat, et, comme l'administration n'est jamais pressée, ça peut demander plusieurs mois quand ce n'est pas plusieurs années... Décourageant ! Question finances, si une toute petite marge de manœuvre leur reste, le gros des subventions et des impôts est géré par l'Etat, qui n'a pas d'état d'âme et se fiche bien des besoins de base des zones rurales.

Et puis, il y a les administrés... Qui ne savent que râler ! Vous êtes au Conseil, vous rencontrez quelqu'un du village chez le boulanger, par exemple, non, on ne vous demandera pas de vos nouvelles, mais on va se plaindre du chien de Machin qui aboie, du ralentisseur que l'on exige (mais pas devant chez soi, hein, ça fait du bruit quand une voiture passe dessus), ou de ce qui n'a pas encore été fait dans sa rue (non, pas dans celle des autres, on n'en a rien à faire). C'est lassant d'expliquer dix fois que l'on n'y est pas forcément pour quelque chose et qu'on ne fait pas ce qu'on veut quand on veut. Jamais un merci, jamais un encouragement, ou si peu..

En plus, tout ça prend beaucoup de temps, être maire (surtout dans une commune rurale où les services techniques sont inexistants), c'est du boulot à temps complet, totalement incompatible avec un travail salarié à 40h/semaine dans le privé (les fonctionnaires ont plus de facilité à prendre des congés pour exercer cette charge). Donc, il faut être à la retraite, ou avoir un travail adaptable, mais ce n'est pas évident.

Mais, malgré tous ces inconvénients, et cette diminution progressive des responsabilités prises en charge par les instances supérieures, ça peut rester une vocation, un désir d'être quand même utile aux autres, peut-être aussi une forme de passion de la chose publique, et de la notoriété locale.

Mais si les maires se plaignent de plus en plus, s'il y a de moins en moins de bousculade pour accéder à ce poste, il y a quand même de bonnes raisons...

(*) Je n'ai pas souhaité me représenter, on comprendra pourquoi en lisant ce billet.

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