15 avr. 2014

Opération SNCF Voisins à bord


Mais de quoi on se mêle ? Ne voilà-t-il pas que la SNCF veut instaurer la convivialité sur ses trains ! Aider une vieille dame à déplacer sa valise, dire bonjour et pardon au monsieur à côté duquel on s'assied en le bousculant involontairement, changer de place pour laisser deux amis ensemble, ça on le faisait déjà, c'est de la toute simple vie sociale que tout le monde pratique ou devrait pratiquer, c'est à l'école et à la maison que ça s'apprend, ou que ça devrait s'apprendre, mais qu'est-ce que c'est que ce "mieux vivre ensemble" que l'on veut rendre moralement obligatoire ?

Je vais devoir faire un sourire au démon en culottes courtes qui hurle, flanque ses jouets partout, et me donne des coups de pied dans les jambes chaque fois qu'il se déplace sous l'œil attendri de ses parents qui trouvent normal que leur chef d'œuvre puisse s'exprimer librement ? Je vais devoir faire la conversation à ma voisine qui tient à me faire part des moindres détails de ses déboires de santé ou des turpitudes de sa belle-fille que je vous le dis moi, Madame, que c'est une moins que rien qui ne méritait pas mon fils ? Que je me réjouisse à l'idée de partager les conversations téléphoniques interminables de mon voisin détaillant les turpitudes de son abruti de chef de service en compatissant avec un sourire de connivence qui se voudrait spontané ?

Et quoi encore ? Déjà qu'il faut subir les retards (si fréquents), l'inconfort (certes, on est mieux en première sur un TGV qu'en seconde dans un TER bondé), les odeurs (faut pas fumer, c'est interdit, mais si vous ne vous lavez pas, là, c'est normal et tout à fait toléré), les conversations à (très) haute voix entre deux mamies sourdes, les boum boum wah wah boum boum du baladeur de l'ado dont les écouteurs ne sont pas étanches, des pleurs du bébé énervé, en plus il faudrait faire des sourires, adresser des paroles aimables à tous ces gens qui se comportent dans un lieu public comme en terrain conquis ? Et quoi encore ?

Dans le train j'aime à écouter de la musique (oui, mes écouteurs sont étanches, et le concerto pour clarinette de Mozart fait moins de bruit qu'un rap endiablé), regarder un documentaire, lire tranquillement, somnoler, découvrir le paysage, mais pas forcément engager la conversation avec mon voisin et échanger des banalités sans le moindre intérêt parce que le dit voisin a oublié d'acheter un magazine avant de partir et qu'il s'ennuie.

Déjà, si tout le monde savait dire bonjour, merci, pardon, et avait assez de savoir-vivre pour tenir la porte à celui qui est encombré de bagages, ou pour ne pas importuner son prochain par son égoïsme et son impolitesse, on aurait fait un grand pas, et on ne serait pas obligé de prêcher une convivialité factice qui comme par enchantement, gommerait toute absence d'éducation.

Mais qu'ai-je dit là ? EDUCATION ??? C'est un gros mot n'est-ce pas ? Je vous demande pardon :-)

1 commentaire:

Upsa a dit…

Ach, Mozart, Bach, Saint-Saëns ... un peu de douceur dans un monde de brutes que sont les transports en commun :-)