5 déc. 2014

Pourrait-on encore vivre au château de Versailles ?

Escalier étroit,
pas pratique avec de larges robes
Dans l'excellent "Dictionnaire amoureux de Versailles", Franck Ferrand consacre un long chapitre à la vie des courtisans qui habitaient le château, citant l'ouvrage de Newton (non pas celui de la pomme ! Un historien américain qui a fait des études très poussées sur le château) intitulé "Derrière la façade". Et l'envers du décor est édifiant...

Si la famille royale habitait dans des lieux somptueux (*), 226 appartements hébergeaient en plus un bon millier de personnes, c'est dire la promiscuité, surtout qu'il s'agissait d'un labyrinthe étriqué de pièces minuscules, de couloirs étroits, d'escaliers qui ne l'étaient pas moins. Leurs inconvénients seraient rédhibitoires de nos jours, et feraient hurler les défenseurs du droit au logement si on les appliquait actuellement à l'hébergement des personnes, même les plus démunies :

La lumière : tout était uniquement éclairé à la bougie, et on imagine la clarté des logements qui se trouvaient dans les bas étages du côté des cours intérieures, par temps gris...

Le froid : comme unique moyen de chauffage, des cheminées qui tiraient mal et fumaient beaucoup baignant les pièces dans un brouillard permanent. Or, on sait que les hivers étaient particulièrement rudes au début du XVIIIe siècle, avec le vin qui gelait dans les verres et on imagine la douce température qui pouvait régner dans ces appartements, sans parler, pour ceux qui vivaient près des combles, l'insupportable chaleur de l'été !

Les odeurs : déjà, il fallait faire monter l'eau à bras d'homme (certes, il y avait une armée de domestiques) pour une toilette sommaire, si tant est qu'on ne lui préfère quelques frictions parfumées, mais surtout, il n'y avait pas ou peu de sanitaires, hormis quelques épouvantables latrines vidangées rarement, la pestilence engendrée par les vases de nuit et autres chaises percées devait être épouvantable.

1m 75 de hauteur de plafond, même si nos ancêtres étaient plus petits que nous,
c'était quand même limite !

Et dans ce microcosme surpeuplé s'agitaient de grandes dames aux robes volumineuses, des beaux messieurs aux perruques poudrées, des valets, des suivantes, des cuisiniers, et toutes sortes de gens aux fonctions variées, dans la pénombre enfumée et glaciale, dormant pour certains dans des soupentes d'1m 75 de hauteur de plafond, à tel point qu'on se demande comment il n'y a pas eu plus d'incendies entre les bougies, les feux ouverts et les lourdes tentures sensées protéger du froid !

De nos jours, on a l'eau courante et l'électricité pour s'éclairer et se chauffer, au moins sous nos climats et on ne saurait plus vivre sans. Il suffit d'une coupure de courant un peu longue qui vide les châteaux d'eau et ne permet plus de les remplir, qui oblige à ressortir les bougies, et qui empêche le chauffage de fonctionner pour que l'on réalise que, si on peut supporter ces inconvénients "un certain temps", on ne pourrait plus, on ne saurait plus vivre au quotidien pendant des années ainsi. 

Je vous recommande la visite de ce site d'où j'ai tiré les illustrations de ce billet, c'est très intéressant.

(*) Même si leur sens du confort n'était pas le même que le nôtre.

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