10 déc. 2016

Droits d'auteur


Ah les droits d'auteur ! Que d'encre ou d'octets ont-ils pu faire couler depuis leur naissance ! Dogme intangible sous Wikipédia dont l'enfreinte réitérée fait bondir d'horreur le collège unanime des administrateurs, carcan de lois obsolètes à l'ère d'Internet, ou strict respect du droit de propriété intellectuelle ?

Si au départ, l'idée était louable, ne pas s'approprier indûment le bien d'autrui sans contrepartie est évident, l'amoncellement de lois disparates et la cupidité ont rendu cette idée aussi difficile à appliquer que bien souvent injuste. L'excellent article de Stephane Barge dans le numéro 854 de 01.Net donne quelques exemples de déviations :

Sachant que les lois sur les droits d'auteur sont différentes selon les pays, on peut télécharger gratuitement "Le Petit Prince" de Saint-Exupéry partout dans le monde sauf... En France, parce que l'auteur est mort en 1944 au combat, ce qui prolonge la durée de ses droits (de celles de ses héritiers plutôt) jusqu'en 2032. Ou encore, le "Journal d'Anne Frank" (morte en 1945) devait entrer dans le domaine public en 2016, mais le Fonds Anne Frank s'y est opposé, arguant que son père, mort en 1980, avait modifié certains écrits, et que de ce fait, il pouvait continuer à engranger des royalties jusqu'en 2050 !

Parce que c'est quand même bien une question de fric... Profiter au maximum et le plus longtemps possible de la manne facilement gagnée sur le travail de l'aïeul. Question de fric aussi ces musées et autres châteaux qui refusent les photos, sous le fallacieux prétexte que publier des photos des meubles exciterait les cambrioleurs, mais sans se priver de vendre des cartes postales des dits meubles, ou que c'est le musée prêteur du tableau qui l'interdit (vous savez, c'est pas nous madame...), alors que l'œuvre présentée dans le musée auquel elle appartient est là tout à fait librement photographiable.

Et puis ça se complique, un concerto de Mozart est libre de droits par définition, mais pas l'orchestre qui l'interprète... Un tableau de Bellini l'est évidemment aussi, mais pas le photographe qui a pris le cliché. Vous prenez une photo d'une madone de Bellini, vous la publiez, vous avez le droit de le faire, si le musée le veut bien. Vous récupérez une photo prise par un tiers (parce qu'elle est meilleure que la vôtre) et vous la publiez, vous êtes hors la loi. Mais si quelqu'un récupère votre photo, même moyenne, et la publie à son tour, il est lui aussi hors la loi, puisqu'il a violé vos propres droits d'auteur.... Quel imbroglio !

Et c'est sûr qu'entre les smartphones qui prennent des photos, les réseaux sociaux, la facilité d'échange que donne Internet, on a bien du mal à savoir qu'est-ce qui appartient à qui ? La notion du partage de la culture à tous, idée généreuse s'il en fut, se heurte aux intérêts financiers de ceux qui ne semblent pourtant pas les mieux placés pour profiter du pactole, éditeurs, lointains héritier, etc.. Et si en plus on réalise que toutes ces lois diffèrent selon les pays d'origine des auteurs et des ayants droit (*), on en a la migraine...

La photo d'illustration a été prise par moi au musée de Cluny, qui autorise les photos sans flash. Cette Vierge de l'Annonciation a été sculptée il y a 8 siècles, donc, l'artiste est mort depuis bien plus que 70 ans, le sujet, Marie, n'est plus sur Terre depuis presque 2000 ans et j'abandonne officiellement et de grand cœur mes droits d'auteur !!!

(*) Oh le beau piège que le pluriel de ce mot.... La langue française est aussi compliquée que les droits d'auteur ! 




1 commentaire:

SM a dit…

Je vais te piquer ta photo, rien que pour le plaisir de me retrouver hors-la-loi :p