Nenana (Alaska), en hiver, parce qu'en ce moment, il y fait 32°... |
Le réchauffement climatique entraîne des périodes de canicule de plus en plus fréquentes et de plus en plus longues. Pour lutter contre la chaleur accablante, on utilise des ventilateurs ou des systèmes de climatisation qui aggravent les effets du réchauffement climatique, et c'est... Le serpent qui se mord la queue !
Comment tenter de rompre ce cercle vicieux ? Déjà, on remarque une chose. Un exemble : une voiture sur un parking en ville en plein soleil, un matin, avant le pic de chaleur, le thermomètre indique 32°. On quitte le parking pour arriver sous les arbres de l'avenue, 30°. On sort de la ville, on arrive entre arbres et champs, on descend à 27°, puis 26°. On en conclue que la bitume et le béton aggravent la chaleur, et la végétation l'améliorent. C'est pas nouveau, on a toujours su que c'était ainsi, le béton réfléchit la chaleur, la stocke la journée et la restitue la nuit, alors que les végétaux la régulent.
Donc, contrairement à ce que disait Alphonse Allais(*), il ne faut pas mettre les villes à la campagne, mais mettre la campagne à la ville ! En pratique : planter des arbres le long des avenues, dans les cours d'école et les jardins publics ; installer des murs et des toits végétalisés, des plates-bandes de plantes partout où c'est possible (**), de l'herbe et des fleurs mais... Tout ça coûte cher, en plantations et surtout en entretien, faudra prévoir des jardiniers supplémentaires ! Et de l'eau, parce que les massifs, quand il fait chaud, faut les arroser. Et puis, faudra sans doute supprimer des places de parking parce que si on met de l'herbe et des arbres à la place du bitume, les voitures, une fois de plus, ne sauront plus où se poser (en sous-sol ?).
Quant aux bâtiments, les anciens étaient, eux, construits avec des murs épais, et on tenait compte de l'orientation de la maison selon l'ensoleillement, comme, par exemple, l'infirmerie dans les Carmels réformés par sainte Thérèse d'Avila, qui étaient tous orientés au nord, pour un meilleur confort des religieuses malades (et dans le sud de l'Espagne, il fait plutôt chaud tous les étés) (***). Mais, pour d'évidentes raisons de coût, et de besoin de logements, on a utilisé des matériaux bien moins protecteurs par la suite. Et maintenant, on incite les gens à isoler, on les y aide financièrement... Y penser avant ? Mais on ne peut pas refaire l'histoire non plus..
A court terme, les pouvoirs publics, qui n'ont pas oublié la canicule de 2003 et l'impéritie de leurs prédécesseurs, multiplient les conseils et les mises en garde qu'on dirait presque que les gens ont perdu tout bon sens et que c'est la première fois qu'il fait un peu chaud en France : hydratez-vous, fermez les volets en journée, ne faites pas d'efforts intempestifs sous le soleil, surveillez les bébés et les personnes fragiles, etc. Jusqu'aux mairies des villages qui climatisent la salle des fêtes et y accueillent les administrés, avec des bouteilles d'eau sans doute aussi... Sans parler des différents médias qui nous échauffent les oreilles avec leurs précautions rabâchées à longueur de journée, ce qui est un comble, n'est-il pas ?
(*) Paraît que c'est même pas lui qui a dit ça.
(**) Par contre, il faut éviter de faire comme au Musée des Arts Premiers, quai Branly à Paris, où, devant le musée on a planté une telle jungle en broussailles qu'on a du mal à repérer où se trouve l'entrée !
(***) Sauf que, pour rester fidèle à la fondatrice, tous les carmels ont eu, après, leur infirmerie orientée au nord, oui, même dans le nord !!!