4 oct. 2019

Les joies de la campagne

Le coq chante, les cloches carillonnent trois fois par jour (*), et l'odeur de lisier met bien 24h pour disparaître, sans parler de cet énorme tracteur impossible à doubler sur une route étroite en virages qui ralentit sérieusement la circulation. Pourtant, beaucoup pensent que la campagne, c'est le silence, les petits oiseaux, l'air pur, les routes tranquilles.... Et voilà des néoruraux tout autant déçus qu'indignés, ce n'était pas du tout ce qu'ils imaginaient.

A leur décharge, il faut bien reconnaître que si, autrefois, les coqs chantaient au lever du soleil, maintenant, les pauvres volatiles confondant l'éclairage public avec celui du ciel, ont tendance à chanter n'importe quand... Que certaines sonneries de cloches sont horripilantes : je me souviens avoir habité un bourg (pas la campagne donc, mais la France profonde quand même), où l'église sonnait tous les quarts d'heure, jour et nuit. A l'heure, on avait droit à quatre coups, puis aux coups de l'heure indiquée, donc, à minuit... Impossible de s'endormir si on vivait à proximité. Ceux qui se plaignaient étaient vite taxés d'anticléricalisme primaire (**)!  Bon, maintenant, ça va mieux, l'église arrête sa cloche à 22h, c'est parfait pour le repos du chrétien !!

Ceux qui viennent s'installer à la campagne pour retrouver la sérénité, viennent de la ville, et n'en ont pas perdu les habitudes et les idéologies. Ils s'aperçoivent vite qu'aller et revenir du marché avec ses courses, en bicyclette, était amusant l'été en vacances, mais pénible tout au long de l'année, surtout sous la pluie ou en hiver ; que l'absence de transports en commun oblige à prendre sa voiture, au détriment de leurs vision écologique de la vie rurale ; que six mois de l'année on ramène à la maison boue et feuilles mortes.
Si on ne peut rien changer à l'absence de transports en commun, ou à la boue, on se souvient de la chanson de Michel Delpech on peut quand même améliorer la cohabitation. On a vu plus haut que le problème des cloches la nuit a été résolu ; concernant le lisier, l'agriculteur peut rapidement l'enfouir, ce qui évite les mauvaises odeurs ; quant au tracteur encombrant, eh bien, on part plus tôt pour ne pas s'énerver, et on fait gaffe à la moissonneuse à maïs qui pointe ses longues piques vers vous, obligeant à rouler dans l'herbe tout en maudissant, non le paysan qui est bien obligé de passer par là, il n'y a plus de chemins ruraux, mais le département qui a fait une route aussi étroite !

A propos de route trop étroite pour la cohabitation engins agricoles, voitures, il y a un excellent exemple de ce qu'il faudrait faire. Sur la départementale 836 suite à la création d'un nouveau tronçon à trois voies, l'ancienne route n'est plus utilisée par la circulation automobile et est depuis réservée aux tracteurs.

Plus compliqué pour les rapports de voisinage, le barbecue de l'un déplaisant à l'autre, la tondeuse de l'autre faisant trop de bruit, le chien qui hurle, les enfants qui crient, mais là, c'est pareil en ville (non, pas la tondeuse tout de même...), et partout, ça tient des rapports humains, chaleureux ou chaotiques, bienveillants ou méchants, et ça n'a plus rien à voir avec les néoruraux.

(*) Faut pas aller vivre alors en pays musulman, parce que le muezzin, c'est 5 fois par jour ! Et quand il y a plusieurs mosquées voisines, et que tous ne démarrent pas à la même seconde, c'est la cacophonie assurée.

(**) Je faisais partie des rouspéteurs, tout en étant autant pilier de sacristie que grenouille de bénitier, à la surprise d'iceux !



 

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