4 mars 2011

A bicyclette

On nous rebat les oreilles avec les économies d'énergie, les déplacements non écologiques en voiture, le souci de l'avenir de la planète, en stigmatisant tous ces citoyens qui ne savent pas faire cent mètres sans prendre leur auto et qui feraient mieux d'utiliser des modes de transport doux, comme ils disent. Et quand le citoyen rechigne, trop englué dans son confort chèrement acquis depuis un demi siècle, on prend des mesures fermes : densifier l'habitat pour éviter les longs déplacements, sans se soucier des risques engendrés par la promiscuité ; brimer les automobilistes et brider la circulation routière, sans pour autant améliorer le confort et la régularité des transports en commun, etc... le tout concocté par quelques édiles qui, une fois leurs grandes décisions prises, pour le plus grand bonheur des citoyens, remontent dans leur grosse voiture précédés de deux motards pour rejoindre leur thébaïde bien isolée de la foule des manants.

Pour l'instant, quel moyen a le français moyen pour se déplacer, aller acheter son pain, par exemple, s'il n'habite pas en ville ? Eh bien il n'a qu'à y aller à pieds ! Euh... si la boulangerie la plus proche est à plusieurs kilomètres, ce qui est le cas dans la majorité des villages ? Il n'a qu'à prendre son vélo, ça lui fera le plus grand bien, et il n'y aura pas de pollution ! Admettons, mais tout le monde ne s'appelle pas Indurain ou Jeanie Longo...

Prenons un exemple que je connais bien. Soit une habitante d'un hameau rural qui doit se rendre au village le plus proche, distant de trois kilomètres, pour aller acheter son pain, et qui se dit, pourquoi ne pas y aller en vélo. Déjà, il faut qu'il ne pleuve pas, sinon, le pain se mouillera et la bonne femme aussi, donc, faut choisir son jour. Ensuite, il faut faire le trajet en pédalant, et c'est là qu'on s'aperçoit qu'une route qui semble toute plate en voiture ne l'est pas du tout dans la réalité, ce qui fait qu'entre les vieilles jambes, le vent qui n'est jamais dans le bon sens, les faux-plats, il faut vingt minutes pour faire les trois kilomètres, sans musarder. Et comme ensuite, entre la départementale et le domicile il y a un petit kilomètre de côte à monter, faut compter quasiment autant pour pousser le vélo jusqu'à la maison en ahanant... Donc, faut presque une heure pour faire ce qui demande si peu de temps en auto.... Ne parlons pas d'autres courses, cette fois à la "ville" la plus proche, distante elle de six kilomètres, courses qu'il faudra alors rapporter sur le porte-bagage, et encore moins d'aller chercher le train, qui passe dans une autre vallée, donc, obligerait à passer par des côtes rédhibitoires.

C'est sûr que si on habite une cité avec un centre commercial et un super-marché de l'autre côté de la rue, c'est plus facile d'être écolo !! Je sais, il faut assumer ses choix !!

Donc, quand on nous prêche qu'il faut prendre un vélo pour être écologiquement responsable, il faut avoir l'honnêté de préciser que cette recommandation s'adresse à des gens jeunes, vivant dans un pays sec et plat, à proximité des commodités... les autres.... et d'abord, qu'est-ce qu'ils foutent là les autres ?

Moi, j'vous dis, la meilleure solution, c'est la carriole à âne, pas trop fatiguant pour l'humain, consomme peu, transporte tout ce qu'on peut acheter au souk, y a pas plus écologique. Je crois que je sais ce que je vais rapporter du Maroc cette année !!

2 commentaires:

inisheer a dit…

Mouais, vu le nombre de jeunes-en-pleine-forme que je croise tous les matins, à la queue-leu-leu dans leurs boîtes de conserve, je me dis qu'il y a de quoi faire. Pour les autres et pour les coins mal plats, le vélo électrique est en plein boom. La météo? Quel est le climat des pays européens comptant le plus grand nombre de cyclistes, à savoir les Pays-Bas et le Danemark?

Bref, je ne prétends pas que tout le monde doit se déplacer en vélo, ni que c'est un moyen de transport approprié à ta situation particulière (quand j'habitais à 80 km de mon travail, je n'y allais pas en vélo), mais il y a des tas d'excuses ressassées qui masquent juste une grosse inertie. L'essence est encore trop bon marché.

jean Marie a dit…

Le vélo est l'outil de l'écolo bobo, qui prêche la nature et habite en ville. Tout comme theoliane, j'habite dans un petit coin de campagne où ne poussent guère de magasins. Moralité 15 km aller et retour pour acheter une baguette de pain. Quand j'y vais en vélo, il me faut une bonne heure, sachant que la superbe descente de l'aller je la prends de plein fouet au retour.
Le vélo était pratique au temps de nos grands parents où les commerces étaient de proximité, et pas qu'en ville. Le règne de la voiture les a fait partir des villages. Alors plutot que de proposer de nous taxer plus cher l'essence, on ferait mieux de nous proposer des voitures plus "propres", mais aussi et surtout des usines plus propres, car il ne faut pas oublier que le plus gros pollueur ce n'est pas l'automobiliste mais l'industrie. Mais elle pas touche, on a toutes les excuses pour la pardonner.
La dernière fois que je suis passé au dessus de Rouen en avion, j'y ai vu un dome jaunatre sue la rive gauche. Faut pas me dire que c'est la pollution automobile, c'est surtout les usines.