17 janv. 2015

L'Histoire est un perpétuel recommencement

Julien Green (1900-1998)
En relisant avec délectation un tome du journal de Julien Green, celui qui court de 1972 à 1976, certains événements relatés, alors que trente ans se sont écoulés depuis, semblent faire partie de l'actualité quotidienne. Un exemple :

Le 20 janvier 1975, alors qu'il venait d'accompagner un ami qui prenait l'avion à Orly : "... l'aéroport a été jeté dans la confusion et la panique par deux fedayins armés de mitraillettes. Ils ont lancé des grenades sur un groupe de voyageurs, en blessant vingt, se sont emparés d'otages et ses sont réfugiés dans les toilettes. Un grand désordre a suivi ; des négociations, finalement la libération des otages et la fuite des bandits en avion. L'aéroport a été évacué dans la plus grande confusion... Ainsi il a suffi de deux hommes armés pour désorganiser un aéroport de l'importance d'Orly. Cela montre la totale insuffisance es gouvernements devant le problème grandissant de la violence."

Qui s'en souvient à part les gens qui hélas se trouvaient là à ce moment ?

Un peu avant, il parlait des attaques de voyous dans le métro, de la grève générale qui paralysait le pays (novembre 1974), des démêlés politiques orageux en Palestine, etc. et citait un article paru dans un hebdomadaire dont il ne donne pas le nom, qui disait : "Les pronostics des gens les plus raisonnables sont tellement sombres qu'on n'entrevoit aucun espoir ni de possibilité de bonheur pour l'homme de l'an 2000. La courbe démographique est affolante, la famine nous menace, la destruction de tout ce que nous admirons le plus semble certaine.  C'est peu de dire que nous allons vers la fin du monde, nous y sommes, notre monde est fini, nous sommes déjà dans le monde de demain, avec toutes ses horreurs, et demain, c'est maintenant". Même si lui n'y croyait pas vraiment, et s'il n'était guère optimiste sur l'évolution des vingt-cinq prochaines années.

Alors, faut-il se souvenir du carnage des guerres de religions au XVIIe siècle, des milliers de morts des campagnes napoléoniennes, des famines en Afrique, et de tout ce qui a pu faire douter de l'humanité, pour se désespérer définitivement, ou encore se dire que l'histoire est un perpétuel recommencement et qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil ou enfin observer que trente ans à l'échelle de l'univers, c'est à peine plus que rien, et qu'on est encore dans le présent ?

Même si de nos jours on est noyé dans un flot d'informations permanentes qui empêchent toute analyse en profondeur..

En attendant la fin du monde, n'hésitez pas à lire ou relire les volumes du Journal de ce grand auteur qu'est Julien Green, c'est remarquable ! (*)


(*) J'aime nettement moins ses romans.... 


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