4 juin 2017

Étranges étrangers


Trouvé dans l'excellent livre de Boris Cyrulnik "Ivres paradis, bonheurs héroïques" cette analyse :

[...] A l'époque où l'école intégrait les pauvres et les étrangers, on pouvait devenir riche et garder le souvenir de la pauvreté. Le monde avait changé, mais il n'était pas clivé, il évoluait. Aujourd'hui, alors que l'école renforce les inégalités, l'enfant bien éduqué a des parents bien éduqués qui ignorent le monde des mal éduqués. Dans ce nouveau contexte social, l'Autre devient l'idée qu'on s'en fait et non pas l'expérience qu'on en a.

C'est vrai que quand on ne connaît pas, on juge selon ce que l'on a entendu dire, ou ce qu'on lit dans la presse, sur les réseaux sociaux, ou ce que d'autres vous ont dit, et on se forge ainsi une opinion tranchée qui ne s'appuie sur rien qui ait été expérimenté. Et c'est ainsi que sont colportés des jugements péremptoires sur les gens et les événements, qui finissent par devenir des vérités largement répandues, mais infondées pour la plupart.

Les Américains sont de grands enfants naïfs qui ne mangent que des Mac Do et portent un colt à la ceinture... Les Arabes sont tous des feignants ou des terroristes... Les Noirs sont peut-être de bons sportifs, mais sont moins intelligents que les Blancs... On pourrait donner de nombreux autres exemples, qui, de tout temps, ont fait le lit d'un racisme rampant et dangereux. Parmi ceux qui profèrent ce genre de sentence, qui a vécu aux Etats-Unis ? Qui a fréquenté des amis musulmans d'Afrique du Nord ? Qui a écouté parler le cardinal Sarah ?

Parce que dès que l'on approfondit un peu, dès que l'on a vécu dans un pays différent, côtoyé ses habitants et connu leur vie et leurs aspirations, dès que l'on a pris la peine de discuter avec d'autres personnes que celles de son cercle personnel habituel, on s'aperçoit que tout ce que l'on entend n'est pas toujours, loin s'en faut, la Vérité avec un V majuscule.

Ne serait-il pas plus sage, plus juste, plus humain en un mot, de s'enrichir de nos différences plutôt que de les stigmatiser, et de les juger à notre aune ?

Euh... Je vis sur une autre planète ? Peut-être bien...

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