22 juil. 2013

L'obsolescence programmée

Même si on ne connaît pas la signification de ce mot, on en connaît tous les effets : l'appareil qui tombe en panne dans le mois qui suit sa fin de garantie, l'outil irréparable parce que la pièce ne se fait plus ou que ça coûterait plus cher que d'en acheter un neuf. En fait, il y a plusieurs types d'obsolescence programmée :

- Celle voulue par le constructeur, afin de permettre un renouvellement des produits, donc, un accroissement de la production et par là des bénéfices. Elle s'accompagne aussi d'une baisse de qualité des matériaux, les deux étant liés. Une pièce fragile cassera forcément au bout d'un certain temps, c'est évident, voulu, garanti. Donc, le consommateur achètera un nouveau produit, et la machine économique continuera de tourner.

- Celle due à la mode et aux progrès technologiques. On le voit couramment depuis quelques années avec, par exemple, les téléphones mobiles dont chaque nouveau produit apporte des "améliorations" techniques rendant son ancien appareil totalement obsolète, puisqu'incapable d'en profiter. Et à ça se rajoutent les ukases de la mode et de la publicité, rendant tout appareil vieux de deux ans tout à fait ringard aux yeux de certains.

- Dans les progrès technologiques, on ne peut pas oublier les ordinateurs dont le hardware doit impérativement suivre le software sous peine de devenir rapidement inutilisables. Et c'est la course sans fin : pour utiliser les nouveaux programmes, il faut ajouter de la RAM, changer le processeur, passer à un nouvel OS, etc... Et comme parallèlement le prix des machines a chuté, on préfère en changer ! On sait bien que si on peut encore rouler avec une voiture qui a 10 ans, on ne peut plus rien faire avec un ordinateur du même âge.

Mais cette obsolescence programmée a un coût écologique important, elle génère des résidus difficiles à évacuer sans porter préjudice à l'environnement, et nécessite des ressources que la nature finit par peiner à fournir. Si tout devient "jetable", quel sera l'enjeu pour les générations futures ?

Toutefois, il ne faut pas forcément jeter le bébé avec l'eau du bain. Un exemple : les mouchoirs en papier. Inventé en 1924 par un certain Albert Lasker, qui, bien des années plus tard, ont remplacé les douzaines de mouchoirs en gros coton ou en fine batiste que l'on utilisait. Certes, ils demandent de la cellulose pour être fabriqués, certes, ils augmentent la quantité de déchets produits par l'être humain, mais le mouchoir tissu, lui, n'a pas que des qualités dans son utilisation. Il faut le fabriquer aussi, mais ensuite le laver (dépense en eau et en lessive générant des résidus phosphatés), et le repasser (dépense en électricité et en temps humain), et il faut aussi le changer parce que tout s'use... Alors ? Et encore, je ne parle pas d'autres produits similaires comme les protections périodiques féminines ou les couches pour bébé. Toute "ménagère de plus de 50 ans" se souvient des fastidieuses lessives que ces objets généraient...

Une solution pour lutter contre l'obsolescence programmée ? Pas vraiment au niveau du citoyen lambda qui est pris dans une spirale économique sur laquelle il n'a aucune prise (qu'on la déplore ou pas est une question politique qui va bien au-delà de cette petite réflexion). Alors, que peut faire le dit citoyen ? A part résister aux sirènes de la mode et ne pas changer de mobile seulement parce que le sien, qui répond parfaitement à ses besoins, n'a pas le look moderne du dernier Iphone... Déjà pour sa cuisinière ou pour son ordinateur, c'est moins évident.

Est-on prêt à un changement de société ? L'homo occidentalus actuel le souhaite-t-il ? Economiser, réparer, n'acheter que ce dont on a strictement besoin, boycotter les entreprises qui programment l'obsolescence de leurs produits (sachant qu'il faudrait encore qu'il y en ait qui ne la pratiquent pas), détourner les yeux des publicités alléchantes, ne rien utiliser de jetable, etc... Je ne peux qu'être très très sceptique, mais peut-être qu'une fois que ceux qui ont connu avant (quand on économisait, réparait, investissait dans du durable) ET après (quand on savait qu'un nouveau matériel avait une durée de vie limitée, et que la baisse des prix permettait d'en changer souvent), ceux qui donc ont pu faire le comparaison, seront partis sous d'autres cieux, leurs descendants seront-ils plus optimistes sur ce sujet ?

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