2 oct. 2018

La vie numérique après la mort biologique

La France compte plus de 57 millions de personnes ayant accès à internet, dont 38 millions sont actives sur les réseaux sociaux :
Rien que sur Facebook, se connectent 22 millions de Français sur les 1,5 milliards dans le monde... Rien que sur Facebook, il s'échange par jour dans le monde :
* 10 milliards de messages
* 350 millions de photos
* 110 millions de chansons
Ça donne le vertige, surtout si on imagine ces milliards d'octets qui tournicotent tout autour de la planète !

Et voilà qu'il se pose un problème, les internautes vieillissent, et quand ils meurent, que deviennent leurs différentes publications ? Parce qu'à force d'avoir ses photos dans le cloud, ses billets de blog chez Google, ou chez un autre hébergeur, ses relevés de comptes sur le site de sa banque, le tout accessible par un mot de passe que le défunt emporte dans sa tombe, ses héritiers ou ses ayants droit ne peuvent plus y accéder, ce qui peut compliquer une succession, ou laisser dans la nature des souvenirs que les héritiers aimeraient peut-être conserver, comme on conservait autrefois les albums de photo, ou les manuscrits.

Certes, il y a une loi, l'article 40-1 de la loi informatique et libertés modifié par la loi Lemaire, où le législateur a prévu deux cas de figure :
* Si le défunt n'a pas laissé d'instructions, ses héritiers peuvent exercer un droit d'accès à ses données personnelles et récupérer ce qui s'apparente à des souvenirs de famille, mais c'est fastidieux, remplir un formulaire après l'avoir déniché, joindre les justificatifs, etc. et ceci pour toutes les plateformes où le dit défunt a laissé des souvenirs.....
* S'il a laissé des dispositions, la loi Lemaire permet de communiquer ces dispositions à un site dédié (tiers numérique) agréé, mais pour l'instant, la liste de ces tiers n'est pas publiée, pas plus que le décret qui doit la légaliser.

Peut-être vaudrait-il mieux, de son vivant, ne pas tout confier au Cloud, et avoir toujours un double de ses textes, photos, sur son disque dur, sur un disque externe, sur des CD (*), mais il ne doit plus y avoir que les "vieux" internautes, qui ont connu les connexions difficiles et les aléas divers qui le font, par habitude. Quant aux relevés de comptes et autres papiers administratifs, depuis que l'administration, justement, fait des économies en obligeant l'usager à imprimer ses productions, encore faut-il le faire...

Revenons à Facebook. Depuis 2015, il propose aux membre d'aller dans les paramètres (**) et de choisir, soit de supprimer le compte à sa mort, soit de désigner un contact légataire qui pourra gérer le compte, publier un dernier message, et supprimer ensuite le compte. J'ignore ce qui se passe chez les autres, Linkedin, Snapchat, Twitter, n'utilisant pas les deux premiers, et ne twittant que tous les 36 du mois.

Donc, actuellement, seuls Google et Facebook permettent de désigner un "héritier numérique". Alors, on va chez le notaire, on rédige un testament sur lequel figureront tous les identifiants et mots de passe de tous les sites où on a laissé des traces (***), et on désigne un exécuteur testamentaire.

Voilà un aspect de la dématérialisation inattendu mais qui va sans doute poser quelques problèmes à court et à moyen terme !

(*) Attention toutefois, si on met du temps à mourir, on n'aura peut-être plus de quoi lire les fichiers ! On se souvient des disquettes, et des Zip dont actuellement, on est bien en peine de trouver de quoi les lire... Sans oublier, pour les textes, le logiciel qui les a conçus (tout le monde n'utilise pas des formats universels) ; quand je vous dis que le papier, il n'y a que ça de vrai :-D
(**) Faut déjà trouver le lien vers paramètres, et ensuite passer toutes les options proposées, pas évident !
(***) En retournant chez le notaire chaque fois qu'on change un password ??

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