12 août 2013

Harmoniser la cacophonie ?


Dans les années 80-85, les micro-ordinateurs à usage familial étaient totalement incompatibles entre eux. Chacun avait son propre processeur, son propre système d'exploitation, ses logiciels, et il était impossible d'utiliser sur l'un ce qui était prévu pour l'autre. Un peu comme si chaque voiture sortie d'usine était différente de celle qui sortait d'une autre chaîne, avec un fonctionnement spécifique et un type de carburant particulier pour chacune. C'était la cacophonie entre Zilog, CP/M, Z80, Alice, TO7, DOS, et tutti quanti. Bien entendu, chaque machine était vantée par ses propriétaires qui estimaient que c'était de loin la meilleure, et des batailles rangées se déroulaient dans les colonnes du courrier des lecteurs dans les magazines, eux-mêmes presque aussi nombreux que les ordinateurs sur le marché.


Si un jeu marchait bien, par exemple, les programmeurs étaient tentés de le porter sur les autres architectures, et si une machine se vendait mieux qu'une autre, les mêmes programmeurs avaient intérêt à plus travailler pour elle. Mais tout ça n'était guère pratique, et n'aidait pas vraiment le consommateur, d'autant plus qu'il n'y avait pas l'expérience du passé, puisque cette technologie ne commençait que tout juste à envahir les foyers.

C'est alors que plusieurs constructeurs, Sony, Casio, Toshiba et d'autres, ont décidé d'ériger une norme, afin que tout le monde s'y soumette et que le marché s'organise autour. La première norme MSX était née. Elle spécifiait qu'un micro-ordinateur familial devait avoir : 

* Un microprocesseur Z80 cadencé à 3,58 MHz
* Une ROM de 32 Kio contenant MSX BASIC 1.0
* Une mémoire vive de 8 à 64 Ko
* Une mémoire vidéo de 16 Ko
* Du texte en 40×24 ou 32×24, et des graphismes en 64×48 pixels ou 256×192 pixels
* Du son sur 3 voies et 7 octaves

Tout devait donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes de la micro familiale ? Eh bien non, ça n'a pas marché..... Parce que même si la norme a évolué quelque peu au fil du temps, on ne peut pas figer une technologie quand celle-ci est en pleine explosion, il faut attendre que les choses se calment, que la concurrence joue, que les grosses pointures mangent les petits poissons, ce que Microsoft et Intel ont parfaitement su faire, ensemble ou séparément, plusieurs années après, en crééant d'incontournables standards. Le premier avec Windows est encore à l'heure actuelle le système le plus utilisé chez les particuliers, le second qui a même réussi à convaincre Apple d'adopter ses puces !

Mais qu'elle était passionnante cette saga des débuts de l'informatique domestique, toutes ces machines qui vivaient l'espace d'un engouement passager, sur lesquelles on s'escrimait à taper des trucs en BASIC (lui-même différent dans ses instructions selon les modèles), en contemplant le résultat sur un écran de télévision tout flou, avec lesquelles on jouait à des petits jeux aux graphismes simplistes qui nous ravissaient, où les 64 Ko de RAM du CPC 464 était l'Amérique alors que le pauvre Alice, pourtant d'un bien joli rouge, n'en avait que 4 ! Toute une époque, lointaine, révolue, mais comme ce sujet est en perpétuelle évolution, gageons que dans 30 ans, nos successeurs rigoleront bien de nos smartphones connectés, de nos teraoctets de disque dur, et de nos gigaoctets de RAM, si d'ailleurs on parle encore de disques durs et de RAM....

1 commentaire:

Upsa a dit…

Ach, Alice que de souvenirs des samedis après-midi passés a recopié le programme en basique qui permettait de jouer (je ne sais plus à quoi d'ailleurs) ou bien a essayé de faire fonctionné avec un vieux magnétophone et une cassette, un jeu type "gros vers qui mange des salades et évite les pièges";
Pour se consoler, avec ma voisine, on se gavait de Balisto.
Ach, séquence nostalgie :-)
Maintenant, mon Alice est au musée Microtelien de Vernon :-)