21 sept. 2015

Une immense maison de retraite virtuelle


Ah les mémés de Facebook (oui, j'en fais partie) qui passent leurs journées à s'éclater sur des jeux ! Et ça discute des missions à faire, de l'éditeur qu'il exagère parce que c'est trop difficile, des billets qui disparaissent... Le tout au milieu de nouvelles du chat qui était malade, ou des excuses parce qu'on ne peut pas jouer et aider ses amies à cause des petits enfants qui viennent d'arriver, d'ailleurs, il ne faudrait pas que ces petits jeunes qui n'y connaissent rien viennent mettre la pagaille dans mes jeux.

On se transmet des blagues entre deux jeux, des vidéos d'animaux, des souhaits de bonne journée ou de bonne nuit avec des images kitch, on râle après son ordinateur qui ne fait pas ce qu'on veut, on s'engueule aussi parce qu'on n'a pas cliqué où il fallait chez le voisin. Et on n'oublie pas de se refiler des astuces pour progresser dans le jeu, puisqu'on ne joue pas les uns contre les autres, mais les uns avec les autres. On partage d'ailleurs ses bons résultats, et on encourage ceux qui progressent.

Tout ça est très animé, très marrant. Certes, il faut être initié pour comprendre des phrases du type : "cliquez sur mes cosmétique svp, je suis à la bourre", ou "j'arrête mes visites, faut que je fasse à manger", ou encore "je n'arrive pas à récolter assez de freudium rose pour faire des cadeaux". Mais tous les joueurs saisissent immédiatement, eux ! Il n'y a pas que des mémés, il y a aussi quelques pépés, plus rares, qui se découragent plus rapidement que les mémés, beaucoup plus tenaces et acharnées.

Tout ce petit monde finit par se connaître, se donne des nouvelles, par delà l'Atlantique parce qu'il y a un certain nombre de québécoises, annonce qu'on part en vacances et qu'on veuille bien ne pas te supprimer. De temps en temps, des messages privés fusent pour une demande particulière, ou tout simplement pour un bonjour plus personnel.

En fait, c'est la version XXIe siècle du scrabble ou des petits chevaux pratiqués entre les résidents dans la salle de loisirs de la maison de retraite ! En tous cas, attention aux directeurs de ces établissements, dans quelques années, vos chers résidents n'accepteront de finir leur vie chez vous que si vous leur fournissez une connexion internet de bon niveau !! 

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