6 août 2011

L'art épistolaire au fil du temps

En cette période d'échanges de cartes postales, on se dit qu'il y a heureusement cette sympathique coutume qui perdure, parce que le courrier papier a complètement disparu. Je veux parler du courrier personnel, de celui qu'on écrivait à la main, à sa famille, à ses amis, à son amoureux, pas des missives tendrement dactylographiées par le Trésor Public, ou par ces messieurs d'ERDF, qui existent toujours.. Maintenant, il y a le téléphone pour communiquer, et tous les réseaux sociaux ou messageries instantanées, en passant par IRC et le courrier électronique qui font que si l'on communique toujours autant, on ne s'y prend pas de la même façon.

Que de missives ont été échangées depuis des siècles par ceux qui nous ont précédés ! On pense à Victor Hugo, certes pas en peine pour écrire, qui a échangé un millier de lettres avec Juliette Drouet, et autant avec son épouse, ses enfants, ses autres maîtresses, et tant d'autres avant ou après lui. Et Madame de Sévigné, qui, avec ses lettres à sa fille, écrivait en fait une chronique pleine de saveur de son époque.

Il est évident que la majeure partie de la population contemporaine de Madame de Sévigné, et même de Victor Hugo n'écrivait pas, et pour cause, les gens n'étaient pas encore aussi nombreux que ça à savoir lire et écrire, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui (encore que...). Ceux qui s'écrivaient, souvent plusieurs fois par jour, auraient peut-être utilisé le téléphone s'il avait existé (ce qui aurait été dommage pour la littérature). Tiens d'ailleurs, si on imaginait que Victor Hugo ait pu connaître Internet, les messageries et autres tchats, ça aurait pu donner quoi ? On peut seulement se dire qu'il aurait écrit "Quand je suis triste, je pense à vous, comme l'hiver on pense au soleil, et quand je suis gai, je pense à vous, comme en plein soleil on pense à l'ombre" en bon français, sans fautes d'orthographe et pas non plus en SMS.... Bien qu'il aurait eu assez de talent et d'imagination pour ça ! Wesh ma juju je tm et lé zot osef ? Le plus dur pour lui aurait sans doute été de se limiter à 140 caractères sur Twitter !

Quant à la marquise de Sévigné, elle aurait fait une extraordinaire blogueuse dont les billets auraient été avidement attendus ! Tenez, en voilà un extrait, en date du 24 juin 1671 : "Je m'en vais vous narrer la chose la plus affreuse qu'on puisse imaginer, en attendant la réunion des États de Bretagne : Madame de Gison a été trouvée morte hier au soir. Quel moyen de vous décrire la chose sans partir de tristesse ? Je fus hier au service du soir et j'avais dessein ensuite de vous narrer quelque anecdote plaisante lorsque Vaillant me vint trouver et me dit que notre voisine, dont je vous ai déjà entretenu, est arrivée au dernier jour de sa vie. ".

Ça a quand même plus de gueule, pardon, d'allure que... ma prose.... :-(

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