25 mai 2013

Le tourisme de masse


Avec la démocratisation des transports aériens, et la hausse du niveau de vie (tout du moins dans certains pays), tout le monde sillonne la planète, et tout le monde se retrouve aux mêmes endroits, en foules compactes. C'est ainsi qu'il y a plus de gens déambulant sur le Forum de Rome que du temps des Romains, et que pour approcher de la fontaine de Trevi, il faut jouer des coudes et bousculer son voisin. C'est aussi pourquoi il faut faire trois heures de queue pour accéder aux catacombes de Paris et que la pyramide du Louvre atteint la densité du métro à 6h du soir. Il paraît que l'afflux de touristes commence à détériorer les abords des temples d'Angkor et ceux des ruines du Machu Pichu. Même dans les grands espaces comme les parcs nationaux des Etats-Unis ou du Canada, on commence à ne plus pouvoir trouver de places de parking, pourtant dimensionnés à l'échelle du continent.

Dans tous les lieux touristiques, on voit débouler des cars d'où jaillissent des hordes de gens de toutes ethnies, parlant toutes les langues, appareils photos brandis, s'agglutinant autour de leur guide comme des brebis autour du berger, l'oeil rivé sur le fanion du guide, et l'oreille collée à l'écouteur pour ne pas perdre une miette des explications. Les boutiques de souvenirs sont prises d'assaut, et les restaurants se font de l'or.

Pour pouvoir admirer une oeuvre architecturale ou picturale, il faut une grande faculté de concentration, et si on veut faire une photo, il y a intérêt à savoir se servir de l'outil de clonage de Gimp pour faire disparaître le personnage qui s'est glissé devant vous ! Certes, dans les grands espaces naturels, il suffit la plupart du temps de s'écarter des parkings et autres visitors centers pour pouvoir encore jouir d'une vue sauvage, et photographier la petite fleur encore épargnée par les pas pressés des clients des tours operators, mais ça devient de plus en plus difficile.

Mais mais mais ... Si on fait ce genre d'observation, si on déplore d'être compressé dans la Chapelle Sixtine ou de devoir aller visiter le Mont St Michel fin novembre, c'est qu'on y était ! Donc, que l'on fait partie des hordes contre lesquelles on rouspète ! On sait depuis un demi-siècle que "l'enfer c'est les autres", mais on est toujours l'autre de quelqu'un.. Et, comme les autres habitants de la planète, on profite de la facilité actuelle à voyager et à visiter, donc, on ne va pas cracher dans la soupe en râlant après son semblable qui a eu la même idée ! On ne va tout de même pas déplorer que les merveilles du monde ne soient plus réservée à une élite fortunée, surtout quand on n'en fait pas partie..

Alors, ou on accepte de ne pas être tout seul à admirer la Pietà de Michel-Ange, ou on reste chez soi ! Et on relit du Bellay :

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.



L'image d'illustration représente le Turnagain Arm, bras du golfe d'Alaska, tout près d'Anchorage, lieu pour l'instant encore loin des foules, mais comme ce coin du monde est quand même très vaste, il y a encore de la place pour plein de touristes.

1 commentaire:

cyberimage a dit…

Heureusement qu'il reste encore des coins loin de la foule. Souvent difficilement accessible, parfois, près de chez soi.