4 août 2015

Les nouveaux rurbains

Un maire breton, du Finistère, pour enrayer la fuite des habitants de sa commune, a mis en vente à 1 euro le mètre carré, un pré communal qu'il a fait lotir. Et les offres d'achat ont afflué à tel point que l'école qui était menacée de fermeture va sans doute être sauvée, et que des petits commerces envisagent de s'y installer à nouveau. Quelles sont les motivations des acheteurs ? Qui viennent pour la plupart de grands centres urbains ou des périphéries des villes comme Marseille, Lyon, Paris ?

Une vie plus calme, moins agitée, moins polluée, une meilleure qualité de vie en un mot. Mais aussi les prix de l'immobilier qui atteignent des sommets dans les grandes villes et ne permettent plus aux classes moyennes de se loger convenablement. Enfin, l'attente d'une atmosphère plus chaleureuse, plus conviviale. Et sans doute de nombreuses autres raisons.

Toutefois, sans souffler sur l'enthousiasme de ces nouveaux ruraux, il faut qu'ils aient conscience de petits détails dans la vie quotidienne qui n'ont pas grand chose à voir avec les fleurs du jardin et les petits oiseaux le matin...

Déjà, il faut pouvoir se déplacer de façon autonome, les campagnes étant quasiment dépourvues de transports en commun, donc, il faut une voiture voire deux, selon le nombre d'habitants en âge de conduire. De toutes façons, comme il faut aller faire les courses au bourg le plus proche, et qu'on ne peut pas rapporter le contenu d'un caddie à pied (le vélo étant souvent impossible passé un certain âge), ou qu'il faut aller chercher le train pour aller travailler en ville parce que trouver du boulot dans un bled de moins de 1000 habitants est une gageure, sauf à être médecin... Justement, à ce propos, il faut prévoir au moins 15 jours à l'avance qu'on va être malade, compte tenu de la pénurie de généralistes en zone rurale, il faut attendre son tour ! Sauf à aller aux urgences, parfois à une trentaine de kilomètres, donc, on en revient à la case voiture.

Côté nouvelles technologies, le téléphone fixe va partout, certes, mais le mobile, c'est une autre histoire. Les fournisseurs d'accès se vantent de desservir 98% des habitants, mais ne pipent pas mot sur la desserte du territoire, où l'habitat est disséminé, et pour cause.. Quant à la 4G, c'est un doux rêve pour bon nombre de gens des campagnes, qui sont déjà si contents de capter, de temps en temps, la 3G. Pour Internet, ça s'est quand même amélioré depuis quelques années, il y a de moins en moins de gens qui ont un très faible débit, incompatible avec la majeure partie des applications, mais il en reste encore, ceux qui ont la malchance d'habiter loin du DSLAM, quant à la fibre optique, on rigole.... Qui va avoir envie d'équiper des petits villages ou des habitats isolés ? C'est pas rentable du tout !!

Donc, il ne faut pas se lancer à l'aveuglette. Habiter la campagne est un privilège, une chance, un plaisir, ce n'est pas moi qui ai fait ce choix il y a fort longtemps qui vais dire le contraire, mais il y a un surcoût non négligeable à prévoir, et quelques inconvénients aussi.. En plus, comme dans les nouveaux lotissements communaux, pour des raisons de prix mais aussi d'écologie (il ne faut plus gaspiller le terrain), les surfaces dépassent rarement les 1000 mètres carrés, on est quand même assez près les uns des autres, ce qui peut entraîner quelques nuisances, chiens, tondeuses, gamins qui braillent, lève-tôt ou couche-tard, etc.. pas très différentes de celles que l'on peut déplorer en ville.

Mais si les voisins sont loin, si on a encore la possibilité physique de conduire sa voiture, si on est à moins d'un kilomètre du DSLAM, si Internet sur mobile n'est pas une priorité, si on n'est pas hypocondriaque, alors faut pas hésiter, parce qu'on est rudement bien, et ça n'empêche pas d'aller faire du tourisme à Paris, Lyon ou Marseille quand on en a envie ! On est si content, le soir, en rentrant d'une exposition ou d'un trekking urbain, de retrouver la verdure et le calme de sa campagne.


N'est-elle pas belle ma campagne ? Même en automne ou en hiver !

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