4 mai 2013

Culture de l'écrit, culture de l'écran

Sommes-nous passés d'une culture de l'écrit, au sens large, de toute chose imprimée, à une culture de l'écran ? Actuellement, quel est le premier réflexe que nous avons quand nous voulons nous documenter sur un peintre, un pays, un monument, un auteur ? Chercher dans un livre, une encyclopédie, aller en bibliothèque, pour trouver de la documentation, ou taper son nom dans la barre de recherche de Google ?

Sans doute la seconde solution ! C'est tellement plus rapide, on n'a pas à farfouiller dans ses propres réserves, ni sortir de chez soi en tenant compte des heures d'ouverture des musées et autres médiathèques, mais est-ce pareil ? Disons que c'est une autre façon d'appréhender la connaissance, qui demande de l'intuition pour bien chercher, mais surtout de l'esprit critique dans l'utilisation des informations souvent touffues et plus ou moins fiables que l'on trouve. Si, d'après une compilation de l'Académie des Sciences, "Wikipédia favorise une relation horizontale au savoir, par sa notion d'intelligence globale et de partage en temps réel des connaissances" (*), ce n'est pas pour autant qu'il faille s'en tenir uniquement à ce site qui n'est pas parole d'Evangile sur tous les sujets. Et ce n'est qu'un exemple... Parmi les millions d'autres pages que l'on est amené à découvrir en faisant une recherche culturelle sur Internet.

Fait-on le même travail avec l'écrit qu'avec les données trouvées sur Internet ? Pas vraiment non plus. Avec un livre, voire plusieurs, étalés sur la table, il est plus facile de se concentrer sur un sujet parce que sur Internet avec les liens hypertexte, et un brin de curiosité, il est facile de passer d'une page à l'autre, pour finir très éloigné du sujet de base, donnant une valeur relative, voire très superficielle à ce qui n'a été qu'entraperçu. Peut-être est-ce seulement une question d'habitude ? Le Web n'a que quelques années d'existence et l'imprimé plusieurs siècles !

Voilà une citation dont je ne me souviens plus de l'origine qui résume les différences entre l'écrit et l'écran : "Le livre, en organisant le raisonnement en une succession de chapitres, favorisa une progression de l'argumentation, créant un schéma de pensée linéaire. Aujourd'hui le Web multiforme, éparpille la pensée comme il éparpille le savoir, les connaissances". On le constate, on l'observe, mais faut-il le déplorer ? Ne peut-on pas imaginer que cet accès à la connaissance, à la culture, ouvert à tous (ou presque) sera bénéfique à l'humanité, comme l'a été l'invention de l'imprimerie par rapport aux parchemins calligraphiés par les moines copistes ? Ou alors deviendra-t-on des butineurs compulsifs aussi légers qu'amnésiques ?

Disons que pour l'instant, on est un peu les deux, mais plus tard ?

(*) En bonne wikipédienne, je cite ma source en détails : "L'enfant et les écrans" - Jean-François Bach, Olivier Houdé, Pierre Léna et Serge Tisserond - Un avis de l'Académie des Sciences (Institut de France) - édition Le Pommier 2013 - page 63

1 commentaire:

SM a dit…

Pour l'instant, quoi qu'on en dise, l'écrit se maintient très bien, voire se réinvente avec les numérisations. Il ne faut pas voir l'écrit et le numérique comme des concurrents. Juste comme une évolution. Comme l'a effectivement été l'imprimerie, qui a remplacé les moines-copistes. Ordinateurs et tablettes sont en passes de remplacer les libraires. Toute évolution ne va pas sans casse humaine, mais on ne pourra rien, rien y faire. C'est le progrès.

Quant à savoir si nous "butinons", c'est un changement déjà commencé avec la télévision : oui, les jeunes générations zappent et ont de plus en plus de mal à se concentrer durablement. En contrepartie, elles savent faire plein de choses en même temps. Est-ce bien, est-ce mal ? C'est ainsi, là aussi !