Chaque fois que je rassemble des documentations pour écrire une ébauche d'article sur un saint du XIXe siècle, je suis frappée par les distances qu'ont pu parcourir ces personnages dans le cadre de leur apostolat ou de leur mission. Il y a tous ces frères envoyés en Chine, en Corée, au Japon, évangéliser les habitants de ces lointains pays, mais aussi toutes ces religieuses qui partaient en Afrique ou en Amérique (nord ou sud), ouvrir des hôpitaux, des établissements d'enseignement ou des monastères. Combien de temps mettait-on en 1860, pour atteindre ces contrées en bateau ? Plusieurs mois, et ce n'était pas une croisière d'agrément, le confort était précaire, la nourriture sommaire, les risques très importants. Tiens, par exemple, Maria Francesca Rubetto qui a traversé l'océan Atlantique plusieurs fois pour aller en Uruguay et en Argentine (depuis l'Italie) s'occuper de ses fondations ? Je l'imagine, sur un raffiot à voiles au milieu de l'océan, avec ses grandes robes de l'époque, au milieu des marchandises et des matelots !
Et sans parler de voyages transatlantiques, comment ne pas admirer la bienheureuse Placide Viel qui est partie de Paris, le 14 septembre 1849, pour aller à Vienne en passant par Bruxelles, Cologne, Berlin et Breslau... dans le but d'y rencontrer des personnages susceptibles de l'aider à la reconstruction de son couvent, avec très peu d'argent en poche, comptant sur la charité pour ses hébergements (et des monastères amis) et sa nourriture, faisant la plus grande partie du trajet à pieds. Pas question d'aller dans des hôtels confortables, ni même dans un Formule 1 !! Et pas question de TGV non plus, ni d'avion... fallait quand même un certain cran, quand on est une femme de cette époque, pour se lancer dans pareille aventure.
Et il y en a eu bien d'autres, sans remonter jusqu'au Moyen-âge, par exemple le Père Marquette , au XVIIe siècle, dont le souvenir est encore si vivace aux environs de Chicago et de la Upper Peninsula (alors qu'il est quasi oublié en France), ou à un saint local lui aussi du XIXe siècle Jacques-Désiré Laval , pour n'en rester qu'aux religieux. Tous partaient, droit devant, sans avoir souvent la moindre idée de ce qui les attendait, ni pendant le voyage, ni surtout à l'arrivée...
Ils étaient quand même gonflés nos ancêtres, ils re râlaient pas parce que le train n'est pas climatisé, qu'il y a des bouchons sur les routes (les fesses bien calées sur les coussins de la voiture), que les sièges de l'avion sont étroits et durs, que les zotres là-bas, ils pourraient parler français que ce serait plus simple, qu'on pourrait faire quelque chose contre les moustiques, que ce car s'arrête partout et que c'est insupportable, etc, etc...
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1 commentaire:
Certe ceci dit il faut compter avec la mémoire selective (même quand elle est historique). En effet il n'y a pas de chronique de Presque Saint machin qui comptait aller jusqu'en chine a pied et qui s'est arreté dès la première nuit ... Personne ne sait si le moine anonyme noyé avec le reste de l'equipage de tel rafiot transatlantique n'allait pas fonder un monastère prestigieux ...)
L'autre paramètre qui tend a nous echapper aussi c'est que nos notions de distances et de temps ont été fortement transformées par le progrès technique. A l'heure ou d'un saut on rallie paris a moscou, et ou le moindre email expedié de l'autre coté de la terre arrive en quelques secondes on ne se doute plus de l'efficacité des méthodes anciennes. Dans la plupart de l'europe il existe (existait) partout des villages des hameaux des oratoires ou s'arreter et trouver l'hospitalité (cette derniere etant certainement plus facilement accordée d'ailleurs) par de multiple saut de puces le courrier parvenait a couvrir de longue distance (chaque courrisier n'allant qu'au relais le plus proche)
C'est ainsi que des tas d'anonymes ont parcouru la france (ou l'europe) ,notamment les compagnons, sans qu'il n'en reste aucune trace dans les chroniques...
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