25 nov. 2013

Une langue peut en cacher une autre

Le français est moins parlé dans le monde que l'anglais, voire l'espagnol, tout le monde le sait, mais, si c'est toujours du français que l'on parle dans plusieurs endroits du monde, ce n'est pas toujours avec la même signification partout.

Par exemple, nos cousins québecois vont aller chez le "dépanneur", pas du tout pour faire réparer leur voiture ou leur machine à laver, mais pour acheter de l'épicerie chez le marocain du coin (*) ; et quand ils remercieront le commerçant, celui-ci leur répondra "bienvenue" et non pas "à votre service" comme à Paris. Certes, dans ce dernier exemple, on voit l'influence de leur grand voisin du dessous qui répondra, dans les mêmes circonstances "You're welcome"...

On peut trouver un certain nombre de mots pour lesquels la signification est différente de part et d'autre de l'océan Atlantique. Dans un petit opuscule intitulé "Le petit livre des gros mots", j'en ai relevé quelques uns, pour lesquels, le sens dans lequel ils sont utilisés génère un contresens amusant. Donc, chez nos cousins :

  •  Une balance n'est pas un mouchard, un traitre, mais le reste d'un compte, un solde ;
  •  Une bibite n'est pas une petite.... mais un insecte ;
  •  Branler n'est pas ce que l'on pourrait penser, ni d'ailleurs le fait de glandouiller, mais seulement celui d'hésiter ;
  • Un chiard n'est pas un gamin plus ou moins bien élevé, mais un gros ennui dans le sens de drame ;
  • Foirer n'est pas rater irrémédiablement quelque chose, mais au contraire faire la fête ;
  • Un noeud n'est pas un imbécile (ou autre chose que la décence m'empêche de préciser), mais un obstacle ;
  • Un train n'est pas ce sur quoi nous sommes assis, notre fondement arrière, ou un moyen de transport, mais un bruit.

Comme quoi, un citoyen de la Belle Province, qui, arrivant en France, annonce, qu'il a foiré, pour oublier son chiard et qu'il a été agressé par des bibites, ne saurait être taxé de pédophilie ou autre abjection morale, mais plus simplement qu'il a fait la fête pour oublier ses ennuis, mais que les insectes l'ont fortement dérangé !

En fait, il faut se dire que les Français et les Québecois utilisent les mêmes mots, mais pas dans le même sens, ce qui peut provoquer quelques quiproquos amusants ! Mais ça doit être pareil pour les Belges et les Suisses francophones, voire pour les pays d'Afrique qui parlent encore le français. Il en va de même pour des mots espagnols utilisés là aussi de part et d'autre de l'Atlantique, entre l'Espagne et l'Argentine, dont l'usage à mauvais escient pourrait bien faire rire (ou stupéfier) son interlocuteur (**).

(*) Qui n'est d'ailleurs pas forcément originaire de Tafraoute, jolie ville du sud du Maroc réputée pour le nombre de ses ressortissants qui sont commerçants de proximité en France (où on trouve de tout, et qui sont ouverts tard le soir), et ... Pour son artisanat de magnifiques babouches brodées !

(**) Le premier mot appris en arrivant à l'aéroport de Buenos-Aires en Argentine a été "Equipajes", parce qu'en sortant de l'avion il fallait suivre cette indication pour récupérer..... ses bagages ! Une traduction "littérale" m'aurait sans doute amenée ailleurs !!


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