27 juin 2016

Les entrailles de la bête

L'orgue est un instrument fascinant, par sa puissance sonore, ses possibilités harmoniques, et sa complexité pour coordonner mains et pieds, tout en modifiant les registres en fonction du morceau interprété. Si les orgues de fabrication récente ont vu leurs systèmes de registration modernisés avec l'électronique (on ne "tire" plus sur un registre, on appuie sur un bouton), les claviers et les tuyaux restent identiques à ce qui se faisait dans les siècles précédents, à part l'arrivée d'air dont la pompe est électrique et non plus manuelle.

Si l'on peut admirer de l'extérieur certains buffets d'orgue historiques à la décoration recherchée, si on peut, à condition de connaître l'organiste, monter jusqu'à la tribune et voir claviers, pédalier, tirants des registres, pédale d'accouplement ou tirasses, ce n'est pas courant de voir de près les entrailles de la bête !

Alors, quand vient le facteur d'orgue pour accorder les anches et effectuer les révisions nécessaires, il faut vite faire des photos !

L'instrument que l'on voit ici ouvert et désossé date du XIXe siècle, il comporte deux claviers, un pédalier et 20 registres. Il est entièrement mécanique (hormis le sommier auquel l'air est fourni par une soufflerie électrique). En dehors de la forêt de tuyaux de toutes les tailles, il possède un si grand nombre d'organes des plus minuscules aux plus volumineux qu'on se demande comment tout ça peut fonctionner sans casser, se fendre ou se coincer. On comprend beaucoup mieux le minutieux et hautement technique travail du facteur d'orgue et on imagine la complexité d'instruments comme les grandes orgues de Saint Sulpice ou de Saint Séverin !



À l'intérieur, une forêt de tuyaux

Le buffet d'orgue, côté droit, avec les tirants des registres en haut

Le buffet d'orgue vu de face, avec la machinerie des pédales

25 juin 2016

Du miel !

Une dame d'un certain âge, affligée d'une hémiplégie droite, va au bureau de tabac pour faire des jeux. Au moment de partir, avant de payer pour ses achats, elle se ravise et demande à la commerçante : "Donnez-moi aussi un carnet de miel"... Étant juste derrière elle, j'ouvre grand mes oreilles, parce que d'habitude, je n'achète pas du miel chez le buraliste, et quand j'en achète, c'est en pot et pas en carnet. La marchande comprend parfaitement, elle, et tend un paquet de cartes à gratter en annonçant : "Ça vous fera 150 euros". La dame tend sa carte bancaire, mais elle ne fonctionnait pas. On recommence deux fois, et ça ne fonctionnait toujours pas. Elle entreprend alors de sortir son porte-monnaie de son sac ce qui n'est pas forcément facile quand on n'a qu'une seule main valide, et finit par en sortir des billets...

Elle avait 150 euros en argent liquide sur elle, au moins, parce que je n'ai pas vu le restant du contenu de sa bourse.

Elle remet le porte-monnaie dans le sac qui ne fermait pas et sort du magasin. Je me suis dit que si un malfrat quelconque avait vu ça, il n'aurait pas eu grand mal à prendre le sac de la dame sans avoir à lutter !

Espérons pour elle qu'elle va gagner plein de sous avec son carnet de miel et... Qu'elle ne les transportera pas tous dans la rue et dans son sac ouvert tenu par sa seule main utilisable.

20 juin 2016

Economie ludique

Alors qu'on discutait dans un groupe de joueurs sur Facebook de l'opportunité ou pas d'acheter (avec sa carte bancaire) certains bonus, les avis divergeaient, comme c'est toujours le cas quand ce sujet est abordé. Certains disant que jamais ils ne paieraient pour des jeux gratuits, d'autres étaient plus nuancés expliquant qu'ils acceptaient de donner quelques sous, déjà parce que ça les arrange pour le jeu, et aussi pour rétribuer les développeurs grâce auxquels on passe de bien agréables moments. Quelqu'un est alors arrivé dans la conversation et a expliqué (je le cite intégralement) :

"En reversant 2,8 milliards de dollars aux développeurs, Facebook rémunère une activité qui touche 20% des utilisateurs du réseau social.

Le jeu est en passe de devenir une activité très lucrative sur Facebook. En effet, le réseau social vient d’annoncer qu’il a versé 2,8 milliards de dollars aux développeurs des jeux conçus pour son site. Pourtant, cela ne concerne que 200 jeux disponibles. Créer un jeu pour Facebook est donc très rentable !

Le jeu sur Facebook est une tendance qui se développe avec désormais quelque 250 millions de joueurs, soit 20% des utilisateurs du réseau social. D’ailleurs, Facebook a tout à gagner dans le développement de ce créneau, car cela pousse les utilisateurs à rester encore plus longtemps connectés."

Voilà un éclairage intéressant, qui explique bien des choses. Déjà se dire qu'il y a 250 millions de joueurs (sur environ 200 jeux), rend son addiction personnelle infiniment moins grave ! Mais plus sérieusement, les éditeurs de jeu sont tributaires de leur succès : un jeu qui marche "fait marcher" Facebook qui engrange donc de nouveaux adhérents donc de nouvelles recettes publicitaires, donc la rétribution des concepteurs augmente. D'où leur intérêt à se démarquer de la concurrence en offrant des jeux intéressants, amusants, bien réalisés, sans bugs, qui tiennent en haleine le joueur longtemps, et qui l'inciteront à inviter de nouveaux amis.

Par contre, un jeu qui ne marche pas, qui ne fait pas le plein de joueurs pour diverses raisons, trop difficile ou pas assez, mal foutu ou qui plante trop souvent sera vite abandonné des joueurs qui l'ont essayé, et sera supprimé puisqu'il ne sera pas rentable, ni pour l'éditeur, ni pour Facebook.

Intéressante la nouvelle économie des nouvelles technologies, n'est-ce pas ?

17 juin 2016

Lola

Ce matin, j'ai décidé d'aller faire mes courses au bourg voisin. C'est très bien les commandes par internet livrées à domicile, mais parfois on a envie de voir fruits, légumes et viandes en vrai, pour mieux choisir. Le bourg étant distant d'une dizaine de kilomètres, j'utilise mon égo-mobile pour m'y rendre. Elle est là, devant ma porte, et elle connaît très bien ma voix ; je n'ai qu'à lui dire "Bonjour Lola" (oui, elle s'appelle Lola) pour qu'elle ouvre immédiatement ses portes.

Je m'installe dans un siège confortable, Lola ferme la portière. Je lui indique ma destination et lui précise de m'emmener au plus près de la rue principale. Elle me répond OK, avance et lance un rayon invisible pour ouvrir le portail.

Sur l'écran qui est devant moi, je choisis d'écouter le concerto pour clarinette de Mozart d'une simple pression sur la liste de mes œuvres préférées qu'elle a l'habitude de me présenter. Son habitacle est tout à fait isolé des bruits extérieurs, et comme son moteur est totalement silencieux, c'est un vrai bonheur de profiter de la quadriphonie quand on est aussi bien installé.

On arrive très rapidement. Lola s'arrête, ouvre la portière, je sors et lui dit "Au revoir". Elle referme la portière et s'en va se garer au parking le plus proche. Je n'ai plus qu'à musarder dans la rue, regarder les boutiques, faire mes courses, prendre mon temps. Une fois ceci fait, je pose mon sac à mes pieds, et sors de ma poche mon mini-terminal. Il suffit d'appuyer sur un bouton et Lola revient me chercher là où je me trouve.

En revenant, je pense à ce que me racontaient mes parents, qui vivaient au début du XXIe siècle : ils devaient "conduire" eux-même leur voiture, avec trois pédales, un volant et des clignotants pour tourner ; ils devaient faire attention aux autres véhicules, aux piétons, aux vélos ; ils devaient régulièrement mettre un liquide malodorant dans le réservoir de leur auto en allant le chercher à une pompe loin de chez eux ; ils devaient tourner plusieurs fois dans les rues afin de trouver une place pour garer leur véhicule, quand ils ne recevaient pas une amende pour s'être arrêté là où il ne fallait pas....

Je me demande s'ils n'exagéraient pas un peu quand même, parce que ça paraît totalement invraisemblable tout ça ! 

9 juin 2016

"Il se peut que tu aimes la marine française, mais la marine française te dit m..."

Les îles du Frioul et le château d'If, vus depuis Notre-Dame de la Garde
Ah Marseille ! Grand beau temps, chaleur (un peu trop à mon goût), excellente bouillabaisse, chauffeurs de taxi marrants, de belles perspectives, la mer toute bleue, le ferry boat qui est maintenant électrique, même qu'Escartefigue en aurait avalé son dentier, les belles demeures du Roucas Blanc, et la Bonne Mère qui regarde tout ce petit monde s'agiter et faire du bruit, du haut de son haut clocher. 

Suite du billet précédent

A l'aller, pas de rhinocéros sur la voie, mais train retenu à Rouen pour attente d'une correspondance, puis un peu plus loin, à Sotteville, par des grévistes qui faisaient un sitting sur les rails. Une demi-heure de retard au départ, mais ce fut bien rattrapé et il n'y avait plus qu'un quart d'heure à l'arrivée.

Au retour, rien à signaler jusqu'à Versailles, mais là, une belle association d'inondations, de coulées de boues sur la voie, et de "régulation du traffic" ont fait que le TGV s'est transformé en TPV (train à petite vitesse), et qu'il y a eu une heure de retard à l'arrivée.

Une indemnisation ? Mais oui, c'est possible, si le train a plus de 30 minutes de retard, mais il faut aller à l'accueil de la gare d'arrivée et faire la queue pendant.... Comme on a déjà une heure de retard, on ne va pas en rajouter une seconde, et on ne va pas chercher son enveloppe...

Quand on vous dit que de nos jours, il est inutile d'aller au bout du monde chercher l'aventure et les péripéties de voyage, il suffit de prendre le train, odyssée garantie !

5 juin 2016

Contretemps

Voyage à Marseille prévu de longue date, billets de TGV pris, hôtel réservé, il ne reste plus qu'à prévenir le taxi qui doit nous conduire à la gare, à 40 kms de notre domicile.

Oui mais, c'était sans compter sur les soubresauts syndicaux. Grève illimitée aux Chemins de Fer, avec prévision d'un tiers de TGV, ou de la moitié, ou de moins, ou de plus, parce que le problème est qu'on n'en sait rien... La loi dit que tout gréviste doit se déclarer comme tel 48h à l'avance pour que l'on puisse indiquer aux usagers les trains qui roulent et ceux qui sont supprimés.

La Loi ? Quelle loi ? Qu'est-ce qu'on en a à faire de la loi ? On fait la révolution pour le bien des autres, nous, pas pour nous, puisque nous avons un travail assuré, et la sécurité de l'emploi, pour votre bien voyons... On fait grève POUR tout le monde ! Ou contre tout le monde ???..... Ah non, c'est vrai, c'est contre le Gouvernement... J'oubliais, ah je plains les pauvres ministres qui subissent les grèves de train ou de métro, et qui n'ont ni avions ni essence dans leur voiture pour se déplacer, on se demande comment ils font....

Donc, la veille du départ, on ne sait toujours rien, on le saura peut-être en se déplaçant jusqu'à la gare la plus proche, au plus tôt vers 18h, soit quelques heures avant le départ, c'est très pratique pour prévenir un taxi ou annuler l'hôtel (qu'il faudra payer de toutes façons, puisqu'on aura dépassé les délais d'annulation). Le site Internet n'est pas à jour, le serveur vocal non plus, ce sont les employés administratifs de la SNCF qui le disent eux-mêmes, la seule solution pour savoir est de prendre sa voiture (heureusement que l'essence est à peu près revenue) et d'aller au guichet. Mais le plus sûr serait d'aller à l'heure dite à la gare de départ et de voir s'il y a ou non un TGV qui s'arrête. Et s'il n'y en a pas ? Eh bien vous rentrez chez vous ! Comment ? Ah ça, c'est pas notre problème, il y aura bien un TER qui passera dans la journée pour vous ramener plus près de chez vous, que diable....

On imagine un service hospitalier qui fonctionnerait comme ça : vous arrivez aux urgences avec un AVC ou une crise cardiaque, ou même seulement une douleur incoercible ; nous sommes en grève, une infirmière sur trois en moyenne, un médecin sur trois en moyenne, mais on ne peut pas vous dire, là, pour l'instant, s'il y en aura de disponible, peut-être tout de suite, peut-être dans quelques heures, on ne peut rien vous promettre, vous verrez bien...

.............

Passage à la gare le plus proche, l'employée confirme et affirme que le train que nous devons prendre n'est pas supprimé, donc... Il n'y a plus qu'à attendre demain matin pour en être tout à fait sûr, et là on pourra souffler... En espérant qu'il n'y aura pas un éléphant sur la voie, une caténaire en rideau, une panne d'aiguillage, des gens qui se promènent sur les rails, etc.

Quid du train du retour ??

On verra bien, avec la SNCF, c'est le suspens et l'aventure assurés !

2 juin 2016

Et une arnaque de plus !

Je reçois un mail en provenance d'une amie que je connais bien me disant :

J'aimerais te parler, es-tu disponible par mail?  En attente de te lire 
au plus vite.

Je lui réponds immédiatement en lui disant que je peux lui parler par mail quand elle voudra, d'autant plus que nous avions quelques détails à régler pour la semaine prochaine.

Message suivant :

Merci pour ton courriel. Je vais très mal après avoir oublié mes affaires (mon téléphone,carte de crédit, argent) dans un taxi ici où je suis actuellement pour 4 jours .  je souhaite également que tu gardes ce mail pour toi uniquement pour ne pas inquiète mon entourage. Y'a t'il un buraliste non loin de toi?

Elle doit quand même être bien remuée, parce que pas même un bisou final comme d'habitude... Et si on oublie son sac dans un taxi, le chauffeur s'en aperçoit normalement, surtout qu'il a bien fallu sortir l'argent pour le payer, c'est louche ça.. Elle sait bien qu'habitant la campagne, je n'ai pas de buraliste sous la main, c'est très louche ça... Tiens, pourquoi signer de son nom de famille et pas de son prénom comme d'habitude ? C'est vraiment très très louche...

Je réponds en lui disant que je n'ai pas de buraliste sous la main, et lui demande ce qu'elle veut chez ce commerçant. J'insiste, j'attends la faille.

Troisième message :

Je voudrais urgemment recharger ma carte afin de pouvoir régler  mes frais de déplacement et assurer mon retour . J'aimerais s'il te plaît, que  tu  me  viennes en aide en  m'achetant chez le buraliste juste 8 coupons de rechargement PCS MASTER CARD de 250 € puis transmets moi les codes RECH de chaque  coupon de rechargement ,je te rembourserais dès mon retour
Je reste dans l'attente de tes nouvelles.

Et la faille s'est ouverte ! Je n'ai évidemment pas répondu, et, comme par miracle, les mails ont cessé d'arriver !

En tous cas, elle les attendra les nouvelles, enfin, pas mon amie que je vais mettre au courant rapidement du piratage d'adresse mail dont elle a sans doute été victime, mais l'individu qui a n'a pas su réussir son arnaque jusqu'au bout. "Juste 8 coupons de 250 euros....". Là, c'est l'erreur, parce que demander 2000 euros pour survivre, c'est beaucoup trop et c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase ou qui met le feu aux poudres, comme vous voulez.

Mauvaise pioche mon gaillard, la prochaine fois, faudra pas avoir les yeux plus gros que le ventre ! Et être plus subtil aussi, mais n'est pas Arsène Lupin qui veut !