Ecouter de la musique sans avoir à se déplacer pour aller au concert, ça a toujours existé, mais quand il fallait absolument des humains pour jouer d'un instrument, il fallait aussi une certaine fortune pour se les attacher, et un certain niveau social pour avoir un orchestre à sa disposition. Donc, afin que le bon peuple puisse accéder aux privilèges des hautes castes, fallait mettre la musique en conserve afin de la distribuer au plus grand nombre.
Au commencement fut le cylindre, au début du siècle dernier, avec le phono qui allait avec, ni l'un ni l'autre, de par leur prix, n'étant réellement à la portée de tout le monde. L'objet était fragile, le son était ce qu'il était, avec grésillements, et crachotis, mais on imagine fort bien l'émoi ressenti par les personnes qui écoutaient ça pour la première fois. Sans doute la même émotion que lors de la première émission de télé, avant guerre.
Puis, vint le 78 tours, lui aussi plutôt fragile, plutôt encombrant, avec sa pochette de méchant papier marron ou gris qui se déchirait (Oui, oui, j'ai connu..) 5 minutes d'enregistrement pour les plus grands, que l'on écoutait sur un phonographe à manivelle (pas besoin d'électricité, quelle régression maintenant, avec nos piles qui lâchent, nos batteries qu'il faut sans cesse recharger, et notre recherche permanente d'une prise de courant..!!!), avec ou sans pavillon. Mais si l'objet phono se transportait, il pesait un certain poids, et les disques aussi, quant au son qui sortait de là, il était bien loin d'être parfait.
Dans les années cinquante, on vit apparaître les premiers microsillons et les électrophones qui firent la joie des adolescents des années 60 : 33 tours, 45 tours, avoir un Teppaz était le fin du fin, disques et électrophones se généralisaient, le son était de qualité, enfin, si on avait l'appareil qui allait bien, et la musique se, comment dit-on ? Démocratisa ?
Vingt ans après, comme dirait Monsieur Dumas, on en était aux CD : que des avantages, son excellent, miniaturisation, pas fragile, rapidement, ils supplantèrent les vinyls et furent le "must" pour l'écoute musicale en conserve, jusqu'au XXIe siècle où là... l'ordinateur arriva (je sais, l'était déjà là avant, je parle de sa généralisation dans les foyers). Et voilà le CD audio qui bat de l'aile, copiable sans grandes connaissances techniques, encodable (ça se dit ça ?), et par ailleurs assez cher, battu en brêche par les musiques récupérables sur Internet, légalement ou pas, viré de son baladeur par la miniaturisation des lecteurs mp3, il tente de se protéger par des mesures anti-copie qui ont remué les amateurs de musique et les internautes pirates réunis, et ont peut-être accéléré sa fin à contrario, enfin, il semble tellement menacé qu'on se demande combien de temps il résistera.
Mais toutes ces musiques actuelles qui n'ont plus besoin de support, et ne nécessitent qu'un tout petit objet pas plus grand qu'un briquet pour être écoutées, qu'en est-il de leur qualité ? Un fichier mp3 est un fichier compressé, plus ou moins, certes, mais si on choisit un bitrate trop peu élevé, pour pouvoir engranger encore plus de musique on obtiendra un son altéré, qui, parasites mis à part, risque de finir par ressembler à ceux qu'offraient les 78 tours d'avant guerre ! Donc, ce qu'on gagne en encombrement, on va le perdre en qualité ? Rendez-vous donc, dans le futur où on aura peut-être un implant permettant d'écouter directement et télépathiquement, la Flûte Enchantée, jouée par l'orchestre de Salzbourg...
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2 commentaires:
Je pense qu'il manque un acteur dans ton historique : la cassette audio
Non seulement elle a joué un rôle important en terme de "musique mobile" mais elle a aussi introduit la possibilité de copier et de créer soit même ses supports...
"Rendez-vous donc, dans le futur où on aura peut-être un implant permettant d'écouter directement et télépathiquement, la Flûte Enchantée, jouée par l'orchestre de Salzbourg..." et les cours en restant chez soi ou pendant un contrôle (génial plus besoin d'antisèche).... ou d'entendre quelques pub en marchant en forêt, d'entendre tout un tas de discours politiques de propagande ... on devra alors mettre un casque en plomb sur la tête pour échapper à tous ces bruits parasites.
Et bien je ne suis pas trop pour ce genre de progrès !
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