Voilà un air très connu, chanté par tous les chrétiens du monde (*), quelle que soit leur chapelle, et par les autres aussi qui, tous, la connaissent (au moins la musique). Mais d'où viennent cette mélodie et ces paroles ?
J'emprunte au Figaro un excellent article qui l'explique."Amazing grace est une des chansons les plus populaires du répertoire américain. Il en existe plus de 1100 enregistrements. C'est presque une institution, au même titre que la Déclaration d'indépendance ! Pourtant les paroles de ce chant sont nées au XVIIIe siècle en Angleterre sous la plume d'un pasteur anglican prénommé John Newton le 1er janvier 1773.
Autobiographiques, elles illustrent le chemin spirituel accompli par Newton (1725-1788) et sa «rédemption» aux mains de Dieu qui l'a «sauvé» de plusieurs périls. Enrôlé de force dans la marine à l'âge de dix-neuf ans en 1744, il devient impliqué dans la traite des esclaves. Peu concerné par la religion, sa vie bascule en 1748, lorsqu'il manque de périr dans une tempête au large de l'Irlande. L'homme se tourne vers Dieu et, six ans plus tard, abandonne la mer et le trafic d'esclaves, pour rentrer dans le clergé de l'Eglise anglicane. Vers la fin de sa vie, Newton sera un partisan de l'abolition de l'esclavage et soutiendra la campagne du député anglais William Wilberforce.
Pendant plusieurs décennies, Amazing grace n'a pas de mélodie attitrée. Il faudra attendre 1835 pour qu'un professeur de chant de Caroline du Sud, William Walker, publie l'air utilisé de nos jours, sans doute inspiré du folklore écossais ou irlandais.
Dans les Etats-Unis balbutiants, en plein revivalisme religieux, Amazing grace devient un hymne incontournable. Il est cité dans le classique "La case de l'Oncle Tom" de Harriet Beecher Stowe, avant de devenir le chant de ralliement des partisans de l'abolition de l'esclavage pour qui le titre symbolise la misère et les souffrances des esclaves. La popularité de la chanson devient encore plus grande quand éclate la guerre de Sécession."
Et elle l'est toujours puisque le président Obama l'a chantée lors de l'hommage aux victimes de la tuerie de Charleston. Ailleurs dans le monde, je crois que c'est surtout la musique qui est connue et appréciée, donc, merci monsieur Walker !
(*) Une hymne chantée dans l'église catholique romaine reprend l'air en question pour une mélodie d'anamnèse, et j'ai entendu près de Kansas City cet air joué par le carillon d'une église un dimanche matin. L'image d'illustration représente la partition musicale du cantique, mais les paroles ne sont pas celles d'origine.