La seconde semaine de confinement s'achève, et la troisième commence. On comprend qu'on en a au moins pour tout le mois d'avril, et peut-être au-delà. Ceux qui essayent de vivre dans un petit espace, avec parents et enfants, ont tendance à craquer, les couples se heurtent, les enfants s'énervent. Les autres, ceux qui ont plus de place, voire un jardin et une maison plus vaste supportent mieux, et que dire de l'épée de Damoclès suspendue au-dessus de tous ? Fait-on les bons gestes ? Prend-on assez de précautions ? Quant à ceux qui sont malades, ceux qui perdent un proche et ne peuvent même pas l'ensevelir dignement, ceux qui sont sur le pont dans les hôpitaux, les camions de livraison, les supermarchés, certes ils ont le soutien et l'admiration de tout le pays, mais ensuite, seront-ils mieux considérés ? J'ai de gros doutes...
On vit au jour le jour, on ne peut pas faire de projets, ni prendre de rendez-vous, même chez le coiffeur, on ne voyage plus, même pour une courte escapade, les seules sorties sont pour l'indispensable ravitaillement, et encore le moins souvent possible, c'est comme s'il n'y avait pas de futur, pas d'avenir, c'est l'incertitude totale quant à ce qui peut arriver dans les semaines qui viennent, on n'a aucune expérience de ce genre de catastrophe, donc aucune prévision ne peut être garantie.
Et pourtant...
Le fortsythia fait une floraison de feu d'artifice d'un jaune vif, les chemins sont bordés d'aubépine en fleurs, les marronniers grossissent leurs bourgeons, la nature reprend ses droits en se fichant pas mal de ces humains qui tombent comme des mouches malgré toute leur industrie et leur technologie. Et la wildlife comme disent les Américains, prend aussi ses aises, les cygnes se promènent tranquillement sur la Seine à Paris, et ce matin, un canard sauvage était mollement installé au milieu du chemin, sans la moindre envie de bouger. Il m'a fallu sortir deux fois de ma voiture, et le tancer vertement (enfin, c'est vrai que je ne parle pas le canard couramment), pour qu'il daigne s'envoler et me laisser passer.
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