7 avr. 2020

No future


A l'aube de cette troisième semaine de confinement, la lassitude commence sérieusement à se faire sentir, les gens en ont marre de rester enfermés, certains, trop sans doute, sortent plusieurs fois par jour pour des bricoles, histoire de s'aérer et de voir du monde ; d'autres partent délibérément en week-end, au risque de faire de longues queues qui se terminent par une amende ; d'autres enfin dépriment et battent femme et enfants...

Le plus dur est sans doute de ne pas savoir, jusqu'à quand ? Comment on en sortira ? Fin avril, mi-mai ou beaucoup plus tard ? Avec ou sans masques que de toutes façons on ne trouve pas ?

En plus, on ne peut pas prendre de rendez-vous, ni faire de projets, justement parce qu'on ne sais pas où on va. On croise les doigts pour ne pas tomber malade en ce moment, parce que les hôpitaux ont d'autres chats à fouetter et de moins en moins de place disponibles. Quant aux choses moins graves, comme le coiffeur ou le garagiste, eh bien, on attend, on attend... Ne parlons même pas des vacances ! En fait, on ne sait plus très bien ce qu'on attend.

Chacun y va de sa recette (de couture, pas de cuisine) pour fabriquer des masques qui ont, aux dires des spécialistes, un effet placebo uniquement, et chacun regarde à quelques centimètres de son nombril pour se résigner ou se plaindre, parce que si on lève un peu les yeux, et que l'on regarde ailleurs... Vers ces pauvres gens en EHPAD, condamnés à rester dans leur chambre, sans voir personne ni avoir la moindre activité, ce qui risque de les tuer plus rapidement que ne l'aurait fait le virus... Vers ces populations africaines qui n'ont même pas l'eau courante pour se laver les mains, et seulement quelques hôpitaux sommaires pour des milliers de malades... Vers ces citoyens dont les dirigeants oscillent entre incrédulité coupable, et lenteurs dans les prises de décisions mettant en péril leur population, on relativise.

Et la nouvelle vie quotidienne égraine ses jours identiques, avec comme seul événement notoire, le ravitaillement hebdomadaire, pour lequel le protocole commence à être rôdé : lavage des mains, masque (de fortune, on n'a que lui) et gants dans un sachet propre, ils seront mis en sortant de la voiture. Dans la rue, on fait plus attention aux gens qu'aux rares voitures, on s'écarte les uns des autres ; avant d'entrer dans un magasin, on regarde combien de personnes y sont déjà afin qu'il n'y en ait qu'une ou deux à la fois ; on paye ses achats par carte bancaire uniquement. De retour à la maison, masque et gants sont lavés, et les courses attendent avant d'être rangées.

Moins pire tout de même que nos aïeux, en temps de guerre, qui, eux, rentraient avec des paniers vides...

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