15 avr. 2020

C'est une maison bleue

Y aurait-il un retour des hippies d'antan, ceux qui quittaient la ville et son stress pour aller élever des chèvres dans le Larzac ? Peut-être pas encore, mais on note une recrudescence d'un certain retour à la nature, par la création de potagers, l'élevage des poules et des lapins, avec le but de s'affranchir de la grande distribution, des pénuries, des nourritures frelatées. Un effet du confinement ?

Certainement, puisque de nombreuses personnes, pour peu qu'elles aient un petit bout de terrain, voire un simple balcon(*), se mettent à cultiver des légumes, et à installer un poulailler. Déjà, pour se distraire, et instruire les enfants, et puis, pour déguster leur propre production. Il est vrai que les tomates récoltées dans le jardin ont un autre goût que celles poussées sous serre de Carrefour ou d'Auchan.

D'autre poussent encore plus loin ce retour à la nature, envisageant de troquer leur appartement de ville pour une maison à la campagne. Sans vouloir doucher leur enthousiasme, je crains qu'ils ne mesurent pas les difficultés qui les attendent. Par exemple, il faut impérativement une voiture, voire deux s'il y a deux personnes au foyer, parce que la boulangerie n'est pas sur le même trottoir, et le médecin est souvent à plus de dix kilomètres, sans bien évidemment le moindre métro ou autobus, alors, aller se ravitailler au supermarché du coin, amener les enfants au sport ou à d'autres activités, en bicyclette, c'est pas évident ! Certes, on peut passer à la carriole à âne (mon rêve), mais rien n'est prévu pour le stationnement de ce genre de moyen de transport ! Et puis, une maison, faut l'entretenir, toiture, isolation, jardin, lequel nécessite des outils souvent onéreux et du temps.

Autre détail, pour ceux qui se disent que tant qu'à faire que de télétravailler, tant vaut le faire au milieu de la nature. C'est vrai, mais à la campagne, il n'y a pas la fibre optique, et certaines maisons sont trop éloignées du DSLAM pour bénéficier de connexions internet suffisantes pour un travail intensif, sans parler des liaisons téléphoniques mobiles, souvent aléatoires. Il faut bien réfléchir à tout ça avant de s'expatrier dans la France profonde, toutefois, habitant en pleine campagne depuis un demi-siècle, je les comprends et ne me vois pas vivre en ville le restant de mes jours (ou à la rigueur un gros bourg, mais surtout pas une grande ville).

Alors feu de paille qui s'allume dans la tête de gens confinés ? Ou vague plus profonde qui va durer ? Va-t-on bientôt se mettre des fleurs dans les cheveux et chanter "C'est une maison bleue..." ?

(*) Elever des poules sur un balcon risque de poser certains problèmes avec les voisins...

Photo d'illustration prise en 2016 de la fameuse petite maison bleue à San Francisco, lors de mon dernier périple américain, avec la plaque commémorant la chanson de Maxime Le Forestier



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