19 juil. 2020

De l'origine d'un incendie

L'armoire électrique de la cathédrale de Nantes après le sinistre (photo prise par les services du diocèse)

Un grave incendie à la cathédrale de Nantes a détruit entièrement les grandes orgues, l'orgue de chœur et des vitraux voisins. Quelle en est la cause ? Pour l'instant, les experts étudient les fragments calcinés pour en déterminer l'origine. Criminelle ou accidentelle ?

Je ne risque pas, évidemment, à me prononcer, mais j'observe quand même plusieurs choses. Déjà, quand on voit l'état de l'armoire électrique, on se dit qu'il doit y avoir eu un problème à ce niveau. Quel rapport avec les orgues situées bien loin de là ? Tout simplement que les orgues fonctionnent à l'électricité, et que celle-ci est transportée par des fils, à grande vitesse. Par ailleurs, même si j'ignore totalement comment étaient faits les branchements dans cet édifice, je sais qu'il est tout à fait possible, dans les grandes églises qui comportent à la fois des grandes orgues et un orgue de chœur, de les accoupler pour qu'en jouant sur un, on actionne l'autre. Le tout étant bien sûr relié par fil électriques, pas en wi-fi !

Un court-circuit dans le branchement des grandes orgues aurait très bien pu se transmettre à l'orgue de chœur et à l'armoire électrique, et vice-versa, mais dans quel sens ? Je l'ignore, et ignore aussi s'il s'agit d'un court-circuit, ou de quelqu'un qui se serait amusé à bricoler l'armoire électrique...

Pourquoi ça ne me surprendrait pas ? En tant qu'organiste liturgique, je suis amenée souvent à assurer l'accompagnement musical des offices dans les petites églises de campagnes, munie d'un synthétiseur qu'il faut évidemment brancher quelque part(*). Il ne faut jamais oublier les rallonges, parce que les prises de courant sont rares et tout aussi rarement bien placées. Et bien souvent, il s'agit de prises anciennes, en porcelaine, reliées à des fils vétustes et dont l'isolation n'est pas garantie. Et ça marche, enfin, disons que ça tient jusqu'à ce que... Mais ce que l'on peut admettre à la rigueur d'une petite église rurale où il y a trois messes par an et pas tous les ans, on l'admet moins bien d'une cathédrale ou d'une grande église recevant un large public. Il parait qu'à La Madeleine, en plein Paris, l'installation électrique est, sinon défaillante, tout du moins douteuse, avec des fils partout, et des normes allègrement bafouées.

Pourtant, concernant les cathédrales française, à part trois exceptions(**), elles sont régies par l'État, qui pourrait tout de même respecter les normes qu'il préconise ! Que les églises locales, qui, elles, dépendent des communes, aient du mal à se moderniser par manque d'argent, je le comprends, mais l'État.. Qui est responsable des ERP(***) dont il est propriétaire, non ?




Une petite partie de l'intérieur d'un grand orgue

On comprend qu'un grand orgue brûle vite et entièrement, l'intérieur n'est qu'une forêt de vieux bois bien secs et souvent poussiéreux, et de tuyaux de plomb qui fondent rapidement.... Mais quelle perte ! Refaire à l'identique est impossible, refaire autrement est possible, mais à quel coût ? D'autant plus que les orgues modernes, ça jure dans une cathédrale ancienne, à mon avis, mais ça, c'est une autre histoire(****).

Les grandes orgues de la cathédrale d'Evreux
(*) Une seule possède un harmonium en état de marche, actionné par l'énergie des chevilles de l'organiste !
(**) Il s'agit de celles construites ou déclarées cathédrales après la loi de séparation de l'église et de l'état de 1905.
(***) Etablissement recevant du public
(****) Le grand orgue de la cathédrale d'Evreux a été construit en 2006. Instrument de haute qualité musicale, son aspect extérieur est quand même plutôt déroutant, non ?

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