23 avr. 2014

Chers américains !

Quand on veut aller passer quelques jours ou semaines de vacances aux États-Unis, ça a quelque chose du parcours du combattant. Je ne parle pas des réservations vols, hôtels, voiture, tout ça, c'est comme partout ailleurs, et ça ne présente pas de difficultés particulières. Mais pour poser le pied sur le territoire américain, là, c'est une autre histoire.

Il faut un passeport, ce qui est normal, et qui suffit à tout autre pays, mais pas chez eux. Il faut en plus remplir en ligne un formulaire nommé ESTA où il est demandé nom, prénom, numéro de passeport, dans lequel il faut donner des réponses à des questions étonnantes comme par exemple :

 - Souffrez-vous de maladies infectieuses (syphilis, tuberculose)  ou mentales ? Êtes-vous toxicomane ?

- Avez-vous autrefois été impliqué(e), ou êtes-vous maintenant impliqué(e), dans des activités d’espionnage ou de sabotage ; de terrorisme ; de génocide ; ou, entre 1933 et 1945, avez-vous participé, de quelque façon que ce soit, à des persécutions perpétrées au nom de l’Allemagne nazie ou de ses alliés ? (*)

- Avez-vous retenu, volontairement ou par la force, un enfant dont le droit de garde avait été confié à un ressortissant américain, ou avez-vous empêché ledit ressortissant d’exercer son droit de garde ?

- Demandez-vous l’admission aux Etats-Unis dans l’intention de vous livrer à des activités criminelles ou immorales ? (**)

On tire la langue pour ne pas se tromper en remplissant le formulaire, passeport d'une main, carte bancaire de l'autre (oui, ça coûte 14 euros par demande, y a pas de petit profit..). Et on finit par recevoir "demande acceptée, bon voyage". Mais c'est pas fini.. Cette autorisation est demandée à l'embarquement, dans l'avion, on vous remet le fameux formulaire I-94W qu'il faut remplir (***) sans se gourer d'un iota sous peine d'être refoulé par un agent de l'immigration souvent peu aimable, à la fin de la queue des passagers qui débarquent, avec ordre de refaire sa copie. Sur ce papier, il faudra répéter les mêmes choses, que l'on n'est pas toxicomane ni nazi, que l'on ne vient pas pour assassiner monsieur Obama, etc... Autrefois, il fallait aussi attester que l'on n'avait pas vécu dans un ranch depuis 18 mois, et qu'on n'était pas adhérent au Parti Communiste, mais ça, ils l'ont supprimé apparemment.

Parfois, le préposé à l'immigration demande si l'on vient pour des vacances ou pour travailler, et où on loge. Si le fonctionnaire a tous les papiers qu'il veut, il prend en plus les empreintes digitales et une photo. Quand enfin, il donne un violent coup de tampon sur un des feuillets du passeport, on peut dire ouf, le plus dur est fait. Le passage à la douane, lui, n'est qu'une formalité rapide.

Ayant eu l'occasion de voyager dans quelques pays étrangers hors de l'Europe, je n'ai jamais vu une administration aussi tatillonne, même pas en Russie (****) ! Mais parfois quand même, on tombe sur des fonctionnaires de bonne humeur, et même aimables, oui ils en ont quelques uns, qui vous disent en vous rendant votre passeport : have a good trip, au rivoirrr ! Avec un sourire en plus !

Par contre, une fois passé ce laborieux contrôle, on se retrouve totalement libres d'aller et de venir, de rouler en voiture, de prendre le métro, de se paumer dans l'Empire State Building et d'arriver dans un lieu non ouvert aux touristes sans se faire le moins du monde engueuler, de faire des photos dans les musées, de louper un embranchement et de faire une manœuvre sauvage sans recevoir des noms d'oiseau des autres usagers de la route, ce qui serait impensable en France, et surtout, surtout, de savourer les extraordinaires paysages et l'immensité de ce pays, la facilité de vie là-bas (pour des touristes en tous cas), et la fascination qu'il exerce au point qu'après une dizaine de voyages aux USA, j'ai toujours envie d'y retourner !



(*) Celui qui aurait eu l'âge à l'époque de perpétrer des persécutions au nom de l'Allemagne nazie, donc, qui aurait eu environ 20 ans en 1940, n'aurait plus guère l'âge de voyager....
(**) Ça me fait penser à mon tout premier voyage là-bas, en 1991, où un fonctionnaire nous avait demandé si nous transportions dans notre bagage à mains une grenade.... Certes, c'était pendant la Guerre du Golfe... Nous avions répondu non évidemment (une grenade, c'est bien trop lourd dans un sac à mains voyons...) et il nous avait répondu, all right, go ! Sans plus de vérifications... Mais c'était avant 2001 !
(***) Je ne sais plus si ESTA remplace I-94W ou s'il faut les deux, mon dernier voyage là-bas remontant à 2009, mais si c'est toujours le cas, il vaut mieux demander plusieurs formulaires à l'hôtesse, histoire de faire un brouillon, d'autant plus qu'elles vous refilent ça juste quand les manœuvres d'atterrissage débutent et que les oreilles commencent à se boucher, ce qui ne facilite pas la concentration.
(****) Qu'en est-il pour un étranger qui vient passer ses vacances en France ? Je n'en sais rien !



 

4 commentaires:

SM a dit…

Tu vas bientôt y retourner :) ?

Marie-Dosithée a dit…

Oui, évidemment, j'y pars à la fin du mois de mai. Compte tenu de ma date de naissance, j'ai du naître des amours d'un soldat américain pour être tant attirée par ce pays ! Ma sainte femme de mère hurlait quand je lui disais ça :-D

Anonyme a dit…

J'ai passé entre 30 et 40 fois la frontière américaine et certains aspects que vous évoquez sont datés.

* Le formulaire à remplir n'est pas (plus?) celui de l'image. Pour les personnes dépendant de l'ESTA, il s'agit d'un document cartonné bleu (6059B) dont les questions ont trait au transport de nourriture, de plantes et de trucs de valeur.
* Je me suis trompé dans le formulaire lors de ma première entrée aux États-Unis. Le douanier m'a demandé de corriger et compléter le formulaire et c'est rentré comme dans du beurre.
* Les professions régaliennes ont généralement des directives quant à l'attitude à adopter avec les civils. Un policier, un agent de douane ne doit normalement pas sourire ou ne pas sympathiser. C'est une profession d'autorité. Bien sûr, il y a parfois des gens qui tapent la conversation, mais c'est rare et généralement ils se doivent d'être neutre dans leur attitude.
* Par rapport aux questions, ce sont toujours les mêmes, vraiment. Avez-vous de la nourriture, Quel est le but de votre voyage, Où allez-vous séjourner, D'où venez-vous, quelle est la durée de votre séjour, etc. On ne m'a jamais demandé si je suis communiste, si j'avais des intentions terroristes, et j'ai toujours trouvé les douaniers super corrects.

J'ai, pour ma part, été terrorisé par chacun de mes premiers passages de la frontière américaine, moi le basané systématiquement refoulé des boîtes de nuit en France (cette belle république laïque non ségrégationniste et non raciste). J'étais terrorisé en partie à cause des clichés véhiculés en France selon lesquels on pouvait se faire bloquer ou avoir des problèmes si on est musulman, si on est arabe, ou autre clichés du genre. Je me suis aperçu que le passage de la frontière américaine était une simple formalité.

Il faut simplement être en règle, dans le cas d'un citoyen français avoir prérempli l'ESTA (valable deux ans je crois, quelque soit le nombre de passages), remplir le formulaire bleu, et répondre simplement aux questions. Parfois le douanier peut être curieux et poser un peu plus de questions, mais dans mon cas c'était spécifique à mon passage fréquent de la frontière et au fait que je séjournais chez des citoyens américains.

Les empruntes, c'est je pense lié à l'arrivée du biométrique. L'Europe fait exactement la même chose (j'ai passé la frontière française il y a deux mois et lorsqu'on a un passeport biométrique, on peut passer via un système automatisé (sans douanier) avec prise d'empreintes et photographie).

Bon voyage.

Marie-Dosithée a dit…

Merci pour ces précisions, mon dernier passage remontait à 2009, et il y avait au départ de la file d'attente un préposé qui vérifiait que tout était en règle avant le passage à l'immigration, c'était bien pratique, le reste devenant une simple formalité. Quant à savoir si on est communiste ou pas, je vous concède que ça remonte à longtemps, au temps de la guerre froide, même qu'on se demandait comment Kroutchev avait pu rejoindre les Nations Unies !